Le Fils prodigue

Mise en ligne le 5 octobre 2025.

PARMI TOUTES les paraboles rapportées par les Évangiles, celle du Fils prodigue demeure sans doute la plus bouleversante ; probablement parce qu'elle met en lumière deux attitudes opposées :

Le Père, rempli de compassion et de miséricorde, court vers son Fils perdu, l'embrasse, le réintègre sans condition, et organise même une fête pour célébrer son retour.

C'est un geste d'amour pur, de bonté, qui dépasse les erreurs, encourage et restaure la dignité — sans reproche ni rancune.

Le fils aîné, lui, refuse de se joindre à la fête. Il est amer, jaloux, rigide. Il ne comprend pas la grâce : il pense en termes de mérite et de règles, et non en termes de cœur. Il incarne la froideur religieuse, le jugement, l'attachement à la lettre plutôt qu'à l'esprit.

Voici le récit, tel que l'expose l'Évangile selon Luc :

« Puis il dit : “ Un certain homme avait deux fils. Et le plus jeune d’entre eux a dit à son père : ‘ Père, donne-​moi la part du bien qui me revient. ’ Alors il leur a partagé ses moyens d’existence. Plus tard, peu de jours après, le plus jeune fils a tout ramassé et il est parti pour un pays lointain ; et là il a dissipé son bien en menant une vie de débauche. Quand il a eu tout dépensé, une dure famine est survenue dans ce pays, et il a commencé à être dans le besoin. Il est même allé s’attacher à l’un des citoyens de ce pays, et [l’homme] l’a envoyé dans ses champs pour garder les porcs. Et il désirait se rassasier des gousses du caroubier que mangeaient les porcs, et personne ne lui donnait [quoi que ce soit]. “ Quand il est revenu à la raison, il a dit : ‘ Combien de salariés de mon père ont du pain en abondance, tandis que moi ici je suis en train de périr de faim ! Je vais me lever, et faire route vers mon père, et lui dire : “ Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Fais de moi comme l’un de tes salariés. ” ’ Il s’est donc levé et il est allé vers son père. Tandis qu’il était encore à une bonne distance, son père l’a aperçu et a été pris de pitié, et il a couru se jeter à son cou et l’a embrassé tendrement. Le fils lui a alors dit : ‘ Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Fais de moi comme l’un de tes salariés. ’ Mais le père a dit à ses esclaves : ‘ Vite, apportez une longue robe, la meilleure, et revêtez -​l’en, et mettez un anneau à sa main et des sandales à ses pieds. Et amenez le jeune taureau engraissé, tuez-​le, mangeons et donnons-​nous du bon temps, parce que mon fils que voilà était mort et il a repris vie ; il était perdu et il est retrouvé. ’ Et ils ont commencé à se donner du bon temps." “ Or son fils aîné était aux champs ; et, comme il revenait et approchait de la maison, il a entendu un concert de musique et des danses. Il a alors appelé à lui un des serviteurs et a demandé ce que cela signifiait. Celui-ci lui a dit : ‘ Ton frère est venu, et ton père a tué le jeune taureau engraissé, parce qu’il l’a retrouvé en bonne santé. ’ Mais il s’est mis en colère, et il refusait d’entrer. Alors son père est sorti et s’est mis à le supplier. En réponse il a dit à son père : ‘ Voilà tant d’années que je travaille pour toi comme un esclave et pas une seule fois je n’ai transgressé ton commandement, et à moi pourtant, pas une seule fois tu n’as donné un chevreau, pour m’offrir du bon temps avec mes amis. Mais dès qu’est arrivé ton fils que voilà, lui qui a dévoré tes moyens d’existence avec des prostituées, pour lui tu as tué le jeune taureau engraissé. ’ Alors il lui a dit : ‘ [Mon] enfant, toi, tu as toujours été avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi ; mais il fallait bien se donner du bon temps et se réjouir, parce que ton frère que voilà était mort et il a pris vie ; il était perdu et il est retrouvé. ’ ” » — Luc 15:11-32, Traduction du monde nouveau par WTBTS, édition de 1995.

Le cœur du Père

Dans cette parabole remarquable, le Père ne se demande pas si son Fils mérite encore sa place, ni s'il a respecté les règles de la maison. Il ne dresse aucun bilan moral, ne cherche pas à vérifier la sincérité de ses excuses. Il court, tout simplement. Son geste précède les mots. Son élan dépasse la logique. Il aime avant de juger, il accueille avant de comprendre. C'est cela, la grâce : un amour qui ne se calcule pas, une bonté qui ne dépend pas du mérite.

Mais depuis trop longtemps, certaines communautés religieuses ont perdu ce regard. Elles ont fait de la fidélité une barrière, de la discipline une condition, de la repentance une formalité à surveiller plutôt qu’un cœur à guérir. Elles se disent gardiennes de la pureté, mais oublient que Dieu ne se réjouit pas d’un enclos bien fermé — il se réjouit d’un Fils retrouvé.

Témoignage : Il m'arrive parfois de repenser à la manière dont certaines personnes étaient traitées dans les salles du royaume des témoins de Jéhovah, lorsqu'elles revenaient avec humilité. J'ai un peu honte de l'avouer, mais il m'est malheureusement arrivé, moi aussi, d'ignorer parfois ces personnes. Je regrette profondément d'avoir agi ainsi, en obéissant aux consignes strictes de l'organisation plutôt qu'à la voix de la compassion. Aujourd'hui, je réalise combien les directives autoritaires de la Watchtower sur la réintégration ressemblaient de près, à l'attitude du frère aîné de la parabole du Fils prodigue. — Veillez.org

Mais alors, faut-il obligatoirement passer par une organisation humaine pour revenir à Dieu, ou simplement avoir un cœur prêt à s'approcher de Lui librement ? Peut-on s'approcher sincèrement de notre Père céleste sans dépendre d'une institution religieuse ? Et si la vraie foi consistait simplement à marcher vers Lui, humblement, sans nul autre intermédiaire que le Christ, plutôt que de suivre aveuglément des instructions humaines autoritaires ( I Timothée 2:5-6 ) ?

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Le 05 décembre 2025, 12:04
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