Jésus et la femme adultère

Mise à jour du 3 décembre 2023.

DE BON MATIN, après une nuit de repos au mont des Oliviers, Jésus retourna au temple ; et tout le peuple vint pour l'écouter ( Jean 8:1-2 ).

Alors qu'il était assis à enseigner, les chefs religieux contrariés semble-t-il par sa présence, lui amenèrent pour l'éprouver une personne en situation d'adultère, et lui demandent : « Maître, cette femme a été surprise sur le fait, commettant adultère. Or, Moïse nous a ordonné dans la loi, de lapider ces sortes de personnes ; toi donc, qu'en dis-tu ? » ( Jean 8:3-5, Traduction revue par J. F. Ostervald, édition de 1823 ).

Un paradoxe contradictoire

Dans la Bible, Moïse prétend que Dieu lui aurait soit disant ordonné une loi qui exigeait du peuple, de lapider une personne pour divers motifs, mais aussi des animaux ( Deutéronome 13:6-10 / Lévitique 24:23 / Exode 21:28-29, 32 ).
Parfois, cette — loi barbare et si imparfaite — et pourtant prétendue « inspirée de Dieu », servait aussi la cause des injustices ; ce fut par exemple le cas de Naboth ou d'Étienne ( Deutéronome 17:6-7 / I. Rois 21:1-13 / Actes 7:57-60 ). Même Jésus, plus d'une fois y échappa de justesse ( Jean 8:59 / Jean 10:31-33 / Jean 10:39 ).

Voici donc ci-dessous, l'un des récits les plus marquants des Évangiles sur ce sujet, celui de Jésus et la femme adultère :

« Jésus se rendit à la montagne des oliviers. Mais, dès le matin, il alla de nouveau dans le temple, et tout le peuple vint à lui. S’étant assis, il les enseignait. Alors les scribes et les pharisiens amenèrent une femme surprise en adultère ; et, la plaçant au milieu du peuple, ils dirent à Jésus : Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes : toi donc, que dis-tu ? Ils disaient cela pour l’éprouver, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus, s’étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre. Comme ils continuaient à l’interroger, il se releva et leur dit : Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. Et s’étant de nouveau baissé, il écrivait sur la terre. Quand ils entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un, depuis les plus âgés jusqu’aux derniers ; et Jésus resta seul avec la femme qui était là au milieu. Alors s’étant relevé, et ne voyant plus que la femme, Jésus lui dit : Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne t’a-t-il condamnée ? Elle répondit : Non, Seigneur. Et Jésus lui dit : Je ne te condamne pas non plus : va, et ne pèche plus. » — Jean 8:1-11, Traduction par Louis Segond, édition de 1910.

À la lecture de ce récit, il apparaît donc clairement que pour le Seigneur Jésus-Christ, cette loi sur la lapidation était de loin des plus cruelle, dépourvue de bon sens et d'empathie... Alors s'imaginer un instant, qu'au temps biblique de Moïse, cette loi inhumaine et dépourvue d'autant d'amour, de compassion et de sagesse, ait pu être inventée par Dieu lui-même spécialement pour Moïse, peut vraiment s'avérer très difficile à imaginer, voire bouleversant pour certains chrétiens sincères ( Matthieu 7:12, Traduction par L. I. Lemaistre de Saci, édition de 1855 ).

Plusieurs questions pourraient d'ailleurs s'ensuivre :

Quelle était la personnalité de Moïse ? Était-ce un homme chaleureux, doux et patient ou un dictateur autoritaire : que raconte la Bible à son sujet ? Cette loi barbare, a-t-elle réellement été dictée à Moïse par Dieu lui-même : quelles en sont les preuves véritables ? Moïse, a-t-il vraiment existé : que dit l'archéologie ? — En acceptant cette violence et d'autres enseignements similaires, suis-je actuellement en train d'imputer à Dieu de mauvaises actions, sans aucune preuve tangible ? Parmi les nombreuses théories du « pourquoi Moïse n'est-il pas entré en terre promise », se pourrait-il que ce soit entre autres à cause de cela ? Moïse, est-il allé au-delà de ce que Dieu lui aurait ordonné ? Quel est le degré de liberté que je m'autorise dans ma lecture biblique personnelle ? Suis-je contraint d'accepter tous les enseignements que mon organisation religieuse me dicte, même si ceux-ci vont parfois à l'encontre de ma conscience ou de toute logique liée à l'amour et au bon sens ? Etc.

En plus d'être contradictoire vis-à-vis des qualités divines, cette loi violait le sixième des dix commandements que Dieu lui-même avait pourtant prescrit à Moïse, à savoir : « Tu ne tueras point » ( Exode 20:13 ).

Par ailleurs, il est intéressant de savoir, que cette pratique barbare existait déjà parmi d'autres peuples, bien avant la Loi de Moïse ; par exemple, chez les Égyptiens où il avait grandi ( Exode 8:26 / Exode 17:4 ).

Un récit débordant d'amour

Sans conteste, l'amour qui se dégage de ce récit de la vie de Jésus-Christ est si puissant, qu'il touche depuis près de 2 000 ans le cœur de milliards de personnes sur terre.

Malgré ces faits, certains pensent que ce texte serait apocryphe et d'autres vont jusqu'à le supprimer à nouveau de leur prétendue traduction moderne, comme il le fut déjà par le passé et bien qu'il y ait survécu. — La Bible dit que « L'amour ne disparaît jamais » ( I. Corinthiens 13:8a, © La Bible Parole de vie, édition de 2000 ). La foi, l'humilité, la compassion, la bonté, l'empathie, etc., sont autant de qualités divines sans égales qui se dégagent de ce récit, bien plus qu'ordinaire !

De plus, la Bible dit de notre Père celeste : « Dieu est amour » ( 1 Jean 4:8 ) ; et citant les propos de notre Seigneur Jésus-Christ, elle dit aussi : « celui qui me voit, voit aussi mon Père » ( Jean 14:9 ).

En résumé... Devrais-je toujours garder présent à l'esprit les qualités divines, lors de mes lectures bibliques ? Et cela peut-il m'aider, à examiner plus modestement l'aspect rédactionnel de ces textes, et en particulier, lorsque ceux-ci imputent volontiers à Dieu des actes de violence et de barbaries, sans aucune preuve tangible, scientifique ou archéologique ? Et à propos... Que contiennent vraiment ces Codex ?

En complément, voir le sujet : La datation des Codex et le récit de la femme adultère.


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Bien que considéré canonique par la majorité, ce récit ou « Pericope Adulterae », a traversé bien des péripéties. Par exemple dans certains manuscrits, il fut parfois déplacé entre l'Évangile de Luc et celui de Jean ; dans d'autres, il fut même carrément supprimé. Aujourd'hui, pourtant magnifiquement chargé d'histoire, il est encore considéré comme texte apocryphe par certains soi-disant spécialistes, et violamment supprimé de la nouvelle édition révisée de la Traduction du monde nouveau, prétendue moderne (Jean 7:53 - 8:11, TMN, édition de 2013), par la société Watchtower (Étude perspicace - volume 1, édition de 1997, p. 1246, § 5). [Afficher les citations]



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Le 19 mars 2024, 08:21
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