La défaite de Josué

Mise en ligne le 22 août 2020.

SI LES RÉCITS de la vie de Moïse, contiennent d'innombrables scènes de violence et de barbarie imputées à Dieu, sans aucune preuve tangible, l'histoire de Josué n'en demeure pas moins différente.

Successeur non-Lévite et fervent fidèle de Moïse depuis sa jeunesse, Josué, descendant de Noun de par la tribu d'Éphraïm, se nommait à sa naissance « Hoshéa(1) » ; selon la Bible, ce fut avant que Moïse ne lui change son nom et qu'il ne soit désigné par Dieu pour conduire le peuple hébreu vers la Terre promise ( Nombres 11:28 ; 13:8, 16 / Josué 1:1-2 ).

Ce sujet retrace l'histoire de la conquête de la ville de Aï.

Contexte biblique et récit de l'histoire

Selon le récit biblique, alors que l'antique Jéricho avait été assiégée et conquise, Josué aurait ordonné l'attaque de la ville d'Aï.

Mais ayant conservé pour lui-même une partie du butin, Akhan, l'un des guerriers descendants de la tribu de Juda, aurait soi-disant rendu l'ensemble du peuple d'Israël coupable d'une malédiction divine.

Dans ce climat incertain et peu avant d'ordonner son attaque, Josué envoie en reconnaissance quelques hommes de Jéricho vers Aï... Et de retour, ils lui dirent ceci : « Qu’on ne fasse pas marcher tout le peuple ; mais qu’on envoie deux ou trois mille hommes pour détruire cette ville. Qu’est-il nécessaire de fatiguer inutilement tout le peuple contre un si petit nombre d’ennemis ? » ( Josué 7:1-2, 3 ).

Confiant dans le soutien de Dieu pour assurer la victoire, Josué décide alors d'envoyer seulement trois mille hommes environ du peuple, mais ils furent impuissants face aux habitants de la ville d’Aï, et trente-six d'entre eux perdirent la vie ce jour-là sous son autorité ( Josué 7:4-5 ).

Un récit violent

Si comme l'exprime la fin du récit concernant la prise de l'ancienne Jéricho : « Jéhovah était avec Josué, et sa renommée se répandit dans toute la terre. » ( Josué 6:27, TMN 1995 ) ; cette renommée ne semble finalement avoir reposé, que sur l'ampleur de sa violence et de sa barbarie.

Face à cette défaite humiliante et voulant probablement en justifier la cause, la suite du récit explique qu'après avoir interrogé Dieu, Josué et tout le peuple auraient alors lapidé et brûlé une famille entière, leurs biens, et même leurs animaux innocents ; tout cela au nom de Dieu, parce que l'un des soldats avait conservé pour lui-même, quelques objets de valeur lors de la prise de Jéricho ( Josué 7:6-26 ).(2)

À ce moment-là, Josué avait-il en réalité eu peur, d'entacher sa crédibilité ou son autorité auprès du peuple ?

Quoi qu'il en soit, dans une autre bataille, cette “pratiqueˮ ne semblera pourtant pas déranger qui que ce soit :

« Josué prit aussi toutes les villes de ces Rois-là, et tous leurs Rois, et les passa au tranchant de l’épée, [et] il les détruisit à la façon de l’interdit, comme Moïse serviteur de l’Éternel l’avait commandé. Mais Israël ne brûla aucune des villes, qui étaient demeurées en leur état, excepté Hatsor, que Josué brûla. Et les enfants d’Israël pillèrent pour eux tout le butin de ces villes-là, et les bêtes ; seulement ils passèrent au tranchant de l’épée tous les hommes, jusqu’à ce qu’ils les eussent exterminés ; ils n’y laissèrent de reste aucune personne vivante. Comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse son serviteur, ainsi Moïse l’avait commandé à Josué ; et Josué le fit ainsi ; de sorte qu’il n’omit rien de tout ce que l’Éternel avait commandé à Moïse. » — Josué 11:12-15, Traduction par David Martin, édition de 1744.

Ou dans un autre épisode encore, Josué lui-même effectua un certain partage, pris sur le butin de leurs ennemis :

« Leur parla, en disant : Vous retournez en vos demeures avec de grandes richesses, et avec une fort grande quantité de bétail, avec argent, or, airain, fer, et vêtements, en fort grande abondance ; partagez le butin de vos ennemis avec vos frères. » — Josué 22:8, Traduction par David Martin, édition de 1744.

Libre de rejeter la violence

Dans la Bible, le mot « herem » (hébreu : חרם) traduit en grec par « anathème », comporte plusieurs acceptions. Considéré comme la part du butin réservée au chef militaire, le herem est dans la Bible, dès le début au temps de l'Israël antique, la part vouée à Dieu, leur chef, par la destruction ou à un usage sacré, et pour que personne d'autre ne puisse en bénéficier ( Nombres 21:1-3 / Deutéronome 20:4 ) ; la première mention biblique de cette forme d'interdit se trouve dans le livre de l'Exode ( Exode 22:20 ).

Plusieurs traductions remplacent ce terme par des expressions : « à l'anathème », « voué à la destruction » ou encore « à la façon de l'interdit », etc.

Si d'après la Bible, il était interdit d'introduire une chose vouée à la destruction dans sa maison et exposait le fidèle lui-même à cet interdit barbare, cette loi ne semble avoir été conçu que pour s'appliquer dans le cas d'objets liés à l'idolâtrie ( Deutéronome 7:25-26 ) ; et dans ce texte, il n'est nullement fait mention d'une malédiction divine qui s'appliquerait à l'ensemble du peuple, comme dans le cas d'Akhan.

Après une victoire, les terres, les animaux et tout autres biens, pouvaient être voués à la destruction pour Dieu ou simplement servir à un usage sacré pour le Temple ; mais les personnes vaincues étaient toutes sans exception mises à mort, ce qui pouvait inclure les femmes, les enfants et des personnes âgées ( Deutéronome 2:33-35 ), etc.

Bien sûr, si aujourd'hui beaucoup considèrent cette violence et cette barbarie comme dépassées et faisant partie des mœurs et des coutumes propres à cette époque biblique, il est toutefois extrêmement difficile pour un chrétien sincère, honnête et sensible, d'imaginer ne serait-ce qu'un instant ou de se permettre d'imputer à Dieu, de telles participations épouvantables, sans aucune preuve tangible.(3)

La prise de la ville : un combat démesuré

La prise finale de la ville d'Aï est décrite au chapitre huit. Celui-ci explique que Josué aurait alors pris la ville cette fois-ci, avec 35 000 hommes et par embuscade, bien que la ville d'Aï ne comptait apparemment que peu de gens ( Josué 7:3b ) ; le verset 25 précise : « 12 000 personnes » ( Josué 8:25 ).

Pourquoi ce combat démesuré ? Josué, avait-il craint d'être humilié à nouveau ? Si Dieu était avec lui, pourquoi n'a-t-il pas envoyé à nouveau 3 000 hommes plutôt que 35 000 ?

En conclusion

Ainsi, comme ce récit extrait du livre de Josué le prouve une fois de plus, la Bible impute parfois à notre Père céleste aimant, la responsabilité de nombreux actes de violence et de barbarie cruelles et inimaginables, et ce, sans aucune preuve véritablement tangible.

En toute modestie, est-il vraiment raisonnable, en tant que croyant sincère et éveillé, de prendre part à de telles accusations contre Dieu lui-même ( Exode 20:7 ) ? En soutenant de tels récits violents, parce que l'organisation religieuse que tu fréquentes l'exige, es-tu finalement en train d'accepter ou de prendre part à une quelconque forme de violence dans ton cœur, sans même t'en rendre compte ? Une lecture plus neutre, plus modérée et plus détachée face à ces récits bibliques violents, peut-elle désormais m'aider à mieux apprendre à connaître notre Père céleste bienveillant et plein d'amour ?

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(1) Hoshea, fils de Noun (hébreu : הושע).
(2) Dans ce passage biblique, il semble important de souligner que la TMN ou « Traduction du monde nouveau », semble être la seule traduction de la Bible au monde à avoir utilisé le mot « ostracisme » dans le passage de Josué 7:25 ; durant plus de 50 années, depuis sa toute première édition anglaise complète parue en 1961, jusqu'en 2013. [Comparer les Bibles] | En complément, voir le sujet : La fille de Jephté, et l'ostracisme.
(3) Sources Wikipédia : Herem ; Données archéologiques disponibles : Aï (Bible), n'a jamais été localisée précisément. | Autres sources — Livre : Étude perspicace des Écritures, volume 2, Vouée par interdit (chose), édition de 1997, pages 1170-1171 ; Google.

Proverbes 4:23 | Matthieu 7:12 | Jean 17:3 | Jacques 2:8 | 1 Jean 4:8 , 18



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Le 25 avril 2024, 16:53
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