La sainte Bible

De à
Préférences d'affichage Affichage des versets par :

Style d'écriture : Taille du texte :
Couleurs :


Traduction selon la Vulgate dite Bible de Gustave Doré, édition de 1866, libre de droits.

n°7 / Les Juges 16 :

Samson enlève les portes de Gaza. Il découvre à Dalila la cause de sa for ce. Il est livré aux Philistins, qui lui crèvent les yeux. Samson en tue trois mille eu mourant sous les ruines du temple de Dagon.
1Samson alla ensuite à Gaza ; il vit là une courtisane, et il entra chez elle.
2Les Philistins l’ayant appris, et le bruit s’étant répandu parmi eux que Samson était entré dans la ville, ils la firent environner, et mirent des gardes aux portes de la ville, et ils l’attendirent en silence toute la nuit, pour le tuer le matin lorsqu’il sortirait.
3Samson dormit jusqu’à minuit. Et s’étant levé alors, il prit les deux portes de la ville avec leurs poteaux et leurs ferrures, les mit sur ses épaules, et les porta sur le haut de la montagne qui regarde Hébron.
4Après cela il aima une femme qui demeurait dans la vallée de Sorec, et s’appelait Dalila.
5Les princes des Philistins vinrent trouver cette femme, et lui dirent : Trompez Samson, et sachez de lui d’où lui vient cette grande force, et comment nous pourrions le vaincre et le tourmenter après l’avoir lié. Si vous le faites, nous vous donnerons chacun onze cents pièces d’argent.
6Dalila dit donc à Samson : Dites-moi, je vous prie, d’où vous vient cette grande force, et avec quoi il faudrait vous lier, pour que vous ne puissiez pas échapper ?
7Samson lui dit : Si on me hait avec sept cordes faites de nerfs, non encore sèches, mais ayant toute leur humidité, je deviendrais faible comme les autres hommes.
8Les princes des Philistins lui apportèrent sept cordes, comme elle avait dit, et dont elle le lia ;
9Et ayant fait cacher chez elle des hommes qui attendaient dans une chambre, elle lui cria : Samson, voilà les Philistins qui fondent sur vous. Et aussitôt il rompit les cordes comme se rompt un fil d’étoupe lorsqu’il sent le feu ; et on ne connut point d’où lui venait cette grande force.
10Dalila lui dit : Vous vous êtes joué de moi, et vous m’avez dit une chose fausse : découvrez-moi donc maintenant avec quoi il faudrait vous lier.
11Samson lui répondit : Si l’on me liait avec des cordes toutes neuves dont on ne se serait jamais servi, je deviendrais faible et semblable aux autres hommes.
12Dalila le lia de nouveau, et après avoir fait cacher des hommes dans une chambre, elle lui cria : Samson, voilà les Philistins qui fondent sur vous. Et aussitôt il rompit ces cordes comme on romprait un fil.
13Dalila lui dit encore : Jusqu’à quand me tromperez-vous, et me direz-vous des choses fausses ? Dites-moi donc avec quoi il faudrait vous lier. Samson lui dit : Si vous liez les sept tresses de ma tète avec un fil de trame, et si vous les attachez à un clou que vous enfoncerez en terre, je serai sans force.
14Ce que Dalila ayant fait, elle lui dit : Samson, voilà les Philistins qui fondent sur vous. Et s’éveillant tout à coup, il arracha le clou avec ses cheveux et le fil qui les retenait.
15Alors Dalila lui dit : Comment dites-vous que vous m’aimez, puisque votre cœur n’est point avec moi ; trois fois déjà vous m’avez menti, et vous n’avez point voulu me dire d’où vous vient une si grande force.
16Et comme elle l’importunait sans cesse, s’attachant à lui pendant plusieurs jours, sans lui donner un moment de relâche, son cœur s’affaiblit et tomba dans une lassitude mortelle.
17Alors lui découvrant la vérité, il lui dit : Le rasoir n’a jamais passé sur ma tête, parce que je suis Nazaréen, c’est-à-dire consacré à Dieu dès le sein de ma mère. Si l’on me rase la tête, toute ma force m’abandonnera, et je serai comme les autres hommes.
18Dalila, voyant qu’il lui avait confessé tout ce qu’il avait dans le cœur, envoya vers les princes des Philistins, et leur fit dire : Venez encore une fois, parce qu’il m’a maintenant ouvert son cœur. Ils vinrent donc chez elle, portant avec eux l’argent qu’ils lui avaient promis.
19Dalila fit dormir Samson sur ses genoux, et lui fit reposer sa tête sur son sein ; et ayant fait venir un barbier, elle lui fit raser les sept touffes de ses cheveux ; après quoi elle commença à le chasser et à le repousser d’auprès d’elle, car sa force l’abandonna aussitôt ;
20Et elle lui dit : Samson, voilà les Philistins qui viennent fondre sur vous. Samson s’éveillant, dit en son cœur : J’en sortirai comme j’ai fait auparavant, et je me dégagerai d’eux ne sachant pas que le Seigneur s’était retiré de lui.
21Les Philistins l’ayant pris, lui crevèrent aussitôt les yeux, le conduisirent à Gaza chargé de chaînes, l’enfer mèrent dans une prison, où ils lui firent tourner la meule d’un moulin.
22Et déjà ses cheveux commençaient à revenir,
23Lorsque les princes des Philistins s’assemblèrent pour immoler des victimes solennelles à leur dieu Dagon, et pour faire des festins de réjouissance, en disant : Notre dieu livré entre nos mains Samson notre ennemi.
24Ce que le peuple voyant, il louait son dieu, en disant comme eux : Notre dieu a livré entre nos mains notre ennemi qui a ruiné notre pays, et qui en a tué plusieurs.
25Ils firent donc des festins avec de grandes réjouissances ; et après le repas, ils commandèrent que l’on fit venir Samson, afin qu’il jouât devant eux. Samson, ayant été amené de la prison, jouait devant les Philistins, et ils le firent tenir debout entre deux colonnes.
26Alors Samson dit à l’enfant qui le conduisait : Laissez-moi toucher les colonnes qui soutiennent toute la maison, afin que je m’appuie dessus, et que je prenne un peu de repos.
27Or la maison était pleine d’hommes et de femmes. Tous les princes des Philistins y étaient, et il y avait environ trois mille personnes de l’un et de l’autre sexe, qui, du haut de la maison, regardaient jouer Samson.
28Mais lui, ayant invoqué le Seigneur, dit : Seigneur mon Dieu, souvenez-vous de moi ; mon Dieu, rendez-moi maintenant ma première force, afin que je me venge de mes ennemis, et que je leur rende en une seule fois ce qui leur est dû pour la perte de mes deux yeux.
29Et prenant les deux colonnes sur lesquelles la maison était appuyée, tenant l’une de la main droite, et l’autre de la gauche,
30Il dit : Que je meure avec les Philistins. Et ayant ébranlé fortement les colonnes, la maison tomba sur tous les princes et toute la multitude qui était là ; et il en tua beaucoup plus en mourant qu’il n’en avait tué pendant sa vie.
31Ses frères et tous ses parents étant venus, prirent son corps, et l’ensevelirent entre Saraa et Esthaol, dans le sépulcre de son père Manué. Il avait été juge d’Israël pendant vingt ans.