La sainte Bible

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Traduction selon la Vulgate dite Bible de Gustave Doré, édition de 1866, libre de droits.

n°18 / Le livre de Job 9 :

Job avoue que l’homme n’a point de justice qui lui soit propre ; mais il soutient en même temps que Dieu afflige aussi bien les justes que les méchants, quand il lui plaît.
1Job répondit :
2Je sais véritablement qu’il en est ainsi, et que l’homme, comparé à Dieu, ne sera pas trouvé juste.
3S’il veut disputer contre Dieu, entre mille accusations il ne pourra pas répondre à une seule.
4Dieu est sage en son cœur, et puissant en sa force. Qui lui a résisté, et a trouvé la paix ?
5C’est lui qui transporte les montagnes, et ceux qu’il renverse dans sa fureur, ne s’en aperçoivent pas.
6Il remue la terre de sa place, et ses colonnes sont ébranlées.
7Il commande au soleil, et le soleil ne se lève pas ; il tient les étoiles enfermées comme sous un sceau.
8Lui seul a étendu les cieux, et il marche sur les flots de la mer.
9C’est lui qui a fait les constellations de l’Ourse, de l’Orion, des Hyades, et celles qui sont plus proches du midi.
10Il fait des choses grandes, qu’on se saurait comprendre, et des choses merveilleuses, qu’on ne saurait compter.
11S’il vient à moi, je ne le verrai pas ; s’il s’éloigne, je ne m’en apercevrai point.
12S’il interroge tout à coup, qui pourra lui répondre ? Ou qui pourra lui dire : Pourquoi faites-vous ainsi ?
13Il est Dieu, nul ne peut résister à sa colère, et sous lui fléchissent ceux qui portent le monde.
14Qui suis-je donc, moi, pour lui répondre et pour oser lui parler ?
15Quand j’aurais en moi quelque justice, je ne répondrais point, mais j’implorerais mon juge ;
16Et lors même qu’il aurait exaucé ma prière, je ne croirais pas qu’il eût daigné entendre ma voix ;
17Car du milieu d’un tourbillon il me brisera, et il multipliera mes plaies sans même que j’en sache le motif.
18Il ne me permet pas de respirer, et il me rassasie d’amertume.
19Si j’ai recours à la force, il est tout-puissant ; si j’en appelle à la justice, nul n’ose rendre témoignage pour moi.
20Si j’entreprends de me justifier, ma bouche me condamnera ; si je veux montrer que je suis innocent, il me convaincra d’être coupable.
21Quand même je serais sans tache, mon cœur l’ignorerait, et ma vie me serait à moi-même un sujet de regret.
22Tout ce que j’ai dit se réduit à ce principe : Dieu afflige le juste aussi bien que l’impie.
23Mais du moins qu’il tue tout d’un coup ceux qu’il a frappés, et qu’il ne se rie pas des peines de l’innocent !
24La terre est souvent livrée entre les mains de l’impie, et les yeux de ses juges sont couverts d’un voile : si ce n’est pas Dieu qui le permet ainsi, qui est-ce donc ?
25Les jours de ma vie ont été plus rapides qu’un courrier. Ils ont fui et n’ont pas vu le bonheur.
26Ils ont passé avec la même vitesse que des vaisseaux qui portent des fruits, et qu’un aigle qui fond sur sa proie.
27Lorsque je dis : Je ne me plaindrai plus, je sens que mon visage se change aussitôt, et que la douleur me déchire.
28Je tremblais à chaque action que je faisais, sachant que vous ne me pardonneriez pas si je péchais.
29Si après cela je passe pour un impie, pourquoi ai-je travaillé en vain ?
30Quand j’aurais été lavé dans de l’eau de neige, et que la blancheur de mes mains éblouirait par son éclat,
31Vous me feriez paraître tout couvert d’ordure, et mes vêtements m’auraient en horreur.
32Car je n’aurai pas à répondre à un homme semblable à moi, ni à contester avec lui comme avec mon égal.
33Il n’y a personne qui puisse juger les deux parties, et mettre sa main entre nous deux.
34Qu’il éloigne donc sa verge de moi, et que sa terreur ne m’épouvante pas :
35Alors je parlerai sans le craindre ; maintenant dans ma frayeur je ne puis répondre.