Traduction selon la Vulgate dite Bible de Gustave Doré, édition de 1866, libre de droits.
n°18 / Le livre de Job 4 :
Éliphaz s’offense des plaintes de Job, et lui reproche que sa vertu n’a point de fermeté.
1Alors Éliphaz de Thêman prit la parole, et dit :2Si nous commençons à vous parler, peut-être le supporterez-vous avec peine ; mais qui pourrait retenir les paroles qu’il a dans l’esprit ?3N’est-ce pas vous qui avez instruit plusieurs, et qui avez soutenu les mains lasses et affaiblies ?4Vos discours ont affermi ceux qui chancelaient, et vous avez fortifié les genoux tremblants.5Maintenant l’affliction est venue sur vous, et vous perdez courage ; elle vous a touché, et vous voilà dans le trouble.6Où est votre crainte de Dieu, votre force, votre patience, et la perfection qui paraissait dans toutes vos voies ?7Considérez, je vous prie, si jamais un innocent a péri, ou quand est-ce que ceux qui avaient le cœur droit ont été exterminés ?8J’ai vu, au contraire, que ceux qui opèrent l’iniquité, et qui sèment les douleurs et les moissonnent,9Ont été renversés par le souffle de Dieu, et que le vent de sa colère les a consumés.10Le rugissement du lion et la voix de la lionne ont été étouffés, et les dents des lionceaux ont été brisées.11Le tigre a péri parce qu’il n’avait plus de proie, et les petits du lion ont été dissipés.12Cependant une parole m’a été dite en secret, et à peine en ai-je entendu les faibles sons qui se dérobaient à mon oreille.13Dans l’horreur d’une vision de nuit, lorsque le sommeil s’appesantit sur les hommes,14La crainte et la frayeur me saisirent, et tous mes os tremblèrent d’épouvante.15Un esprit passa devant moi, et les cheveux de ma tête se hérissèrent.16Il se présenta quelqu’un dont je ne connaissais pas le visage ; une image s’arrêta devant mes yeux, et j’entendis une voix comme un léger souffle :17L’homme osera-t-il se justifier en se comparant à Dieu, et sera-t-il plus pur que celui qui l’a créé ?18Ceux mêmes qui le servent ne sont pas stables, et il a trouvé du dérèglement jusque dans ses anges.19A combien plus forte raison ceux qui habitent des maisons de boue et qui n’ont qu’un fondement de terre, seront-ils consumés et comme rongés des vers ?20Du matin au soir ils seront moissonnés ; et parce qu’aucun d’eux n’aura l’intelligence, ils périront pour jamais.21Les restes de leur race seront emportés ; ils mourront, parce qu’ils n’ont point eu la sagesse.