La sainte Bible

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Traduction selon la Vulgate dite Bible de Gustave Doré, édition de 1866, libre de droits.

n°18 / Le livre de Job 29 :

Job fait la description de sa félicité passée.
1Job, prenant de nouveau la parole, continua son discours, et dit :
2Qui me donnera d’être ce que j’étais autrefois, dans ces premiers jours où Dieu prenait soin de me garder ;
3Lorsque son flambeau brillait sur ma tête, et que dans les ténèbres je marchais à la clarté de sa lumière ;
4Comme j’étais aux jours de ma jeunesse, lorsque Dieu habitait en secret dans ma maison ;
5Lorsque le Tout-Puissant était avec moi, et que mes enfants m’entouraient ;
6Quand je baignais mes pieds dans des ruisseaux de lait, et que la pierre répandait pour moi des flots d’huile ?
7Quand j’allais à la porte de la ville, et qu’on me préparait un siége sur la place publique,
8Les jeunes gens me voyaient, et se retiraient ; les vieillards se levaient, et demeuraient debout.
9Les princes cessaient de parler ; ils mettaient le doigt sur leur bouche.
10Les grands s’imposaient silence, et leur langue demeurait comme attachée à leur palais.
11L’oreille qui m’entendait célébrait mon bonheur, et oeil qui me voyait me rendait témoignage,
12Parce que j’avais délivré le pauvre qui criait, et l’orphelin qui n’avait personne pour le secourir.
13Celui qui était près de périr me comblait de bénédictions, et je remplissais de consolations le cœur de la veuve.
14J’étais revêtu de la justice ; et l’équité dans les jugements était mon vêtement et mon diadème.
15J’ai été l’oeil de l’aveugle et le pied du boiteux.
16J’étais le père des pauvres, et je m’instruisais avec un très-grand soin des affaires que je ne savais pas.
17Je brisais les mâchoires de l’injuste, et je lui arrachais sa proie d’entre les dents.
18Je disais : Je mourrai dans le petit nid que je me suis fait, et je multiplierai mes jours comme le palmier.
19Je suis comme un arbre dont la racine s’étend le long des eaux, et la rosée se reposera sur mes branches.
20Ma gloire se renouvellera de jour en jour, et mon arc se fortifiera dans ma main.
21Ceux qui m’écoutaient attendaient que j’eusse parlé, et ils recevaient mon avis avec un silence plein de respect.
22Ils n’osaient rien ajouter à mes paroles, et elles tombaient sur eux comme les gouttes de la rosée.
23Ils me désiraient comme la campagne attend l’eau du ciel ; et leur bouche s’ouvrait pour m’entendre, comme la terre s’ouvre aux pluies de l’arrière-saison.
24Si je riais quelquefois avec eux, ils pouvaient à peine le croire, et la lumière de mon visage ne tombait point à terre.
25Si je voulais aller parmi eux, je m’asseyais à la première place ; et lorsque j’étais ainsi comme un roi au milieu des gardes qui m’environnaient, je ne laissais pas d’être le consolateur des affligés.