La sainte Bible

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Traduction selon la Vulgate dite Bible de Gustave Doré, édition de 1866, libre de droits.

n°18 / Le livre de Job 16 :

Job est affligé de la dureté de ses amis, et se console de ce qu’il a Dieu pour témoin de son innocence.
1Job, prenant la parole, répondit :
2J’ai entendu souvent de pareils discours ; vous êtes tous des consolateurs importuns.
3Ces discours en l’air n’auront-ils pas une fin ? Et qu’y a-t-il de plus aisé que de parler ainsi ?
4Moi aussi je pourrais parler comme vous ; et plût à Dieu que votre âme fût dans le même état que la mienne !
5Je vous consolerais aussi par mes discours, et je témoignerais par le mouvement de ma tête ce que je ressentirais pour vous ;
6Je vous fortifierais par mes paroles, et mes lèvres ne s’ouvriraient que pour apaiser vos douleurs.
7Mais que ferai-je ? Si je parle, mes maux ne s’adouciront pas ; et si je me tais, ils ne s’éloigneront pas de moi.
8Et maintenant ma douleur m’accable, et tous mes membres sont réduits à rien.
9Les rides qui paraissent sur ma peau rendent témoignage de l’extrémité où je suis ; et un calomniateur s’élève pour me contredire et me résister en face par de faux discours.
10Il a rassemblé sur moi toute sa fureur ; il a grincé des dents contre moi, en me menaçant ; mon ennemi m’a envisagé avec un oeil terrible.
11Ils ont ouvert la bouche contre moi, ils m’ont frappé sur la joue en me couvrant d’opprobres ; ils se sont rassasiés de mes peines.
12Dieu m’a tenu lié sous la puissance de l’injuste ; il m’a livré aux mains des impies.
13Moi, qui étais jadis si opulent, j’ai été tout d’un coup réduit en poudre. Il a fait plier mon cou sous sa violence ; il m’a brisé, et m’a mis comme en butte à ses traits.
14Il m’a environné des pointes de ses lances ; il m’a percé les reins de toutes parts ; il ne m’a point épargné, et il a répandu mes entrailles sur la terre.
15Il m’a fait plaie sur plaie ; il s’est jeté sur moi comme un géant.
16J’ai étendu un sac sur ma peau, et j’ai couvert ma tête de cendre.
17A force de pleurer, mon visage s’est enflé, et mes paupières se sont obscurcies.
18J’ai souffert tout cela sans que ma main fût souillée par l’iniquité, lorsque j’offrais à Dieu des prières pures.
19Terre, ne couvre point mon sang, et que mes cris ne se trouvent point étouffés dans ton sein.
20Car j’ai dans le ciel un témoin ; et celui qui connaît mon cœur habite au plus haut des cieux.
21Mes amis se répandent en paroles ; mais mon oeil fond en larmes devant Dieu.
22Pourquoi l’homme ne peut-il se justifier devant Dieu comme il se justifie devant un autre homme, son semblable ?
23Car voilà que mes années, déjà si courtes, s’en vont ; et je marche dans un sentier par lequel je ne reviendrai jamais.