La sainte Bible

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Traduction selon la Vulgate dite Bible de Gustave Doré, édition de 1866, libre de droits.

n°11 / Les Rois Livre III 20 :

Les Syriens sont défaits par les serviteurs des princes d’Israël. L’année suivante ils sont encore défaits. Achab, roi d’Israël, au lieu de faire mourir Benadad, leur roi, fait alliance avec lui. Il en est repris par un prophète.
1Or Benadad, roi de Syrie, ayant assemblé toute son armée, sa cavalerie et ses chariots, et trente-deux rois avec lui, vint pour prendre Samarie, et assiégea cette ville.
2Et il envoya dans la ville des ambassadeurs à Achab, roi d’Israël,
3Pour lui dire : Voici ce que dit Benadad : Votre argent et votre or sont à moi ; vos femmes et vos enfants les plus chers sont à moi.
4Le roi d’Israël répondit : roi mon seigneur, je suis à vous, comme vous le dites, ainsi que tout ce que j’ai.
5Les ambassadeurs revinrent, et dirent : Voici ce que dit Benadad, qui nous a envoyés vers vous : Vous me donnerez votre argent, votre or, vos femmes et vos fils.
6Demain donc, à la même heure, j’enverrai mes serviteurs vers vous, ils visiteront votre maison et la maison de vos serviteurs, et ils mettront la main sur tout ce qui leur plaira, et l’emporteront.
7Alors le roi d’Israël convoqua tous les anciens de son peuple, et leur dit : Remarquez et voyez qu’il nous tend un piége. Car il a envoyé déjà vers moi pour mes femmes, mes fils, mon argent et mon or, et je ne lui ai rien refusé.
8Tous les anciens et tout le peuple répondirent. Ne l’écoutez point, et n’acquiescez pas à sa demande.
9Achab répondit donc aux ambassadeurs de Benadad : Dites au roi mon seigneur : Je ferai, comme étant votre serviteur, tout ce que vous m’avez demandé d’abord ; mais pour cette dernière chose, je ne puis la faire.
10Les ambassadeurs, de retour, firent leur rapport à Benadad, qui les renvoya encore, en disant : Que les dieux me traitent dans toute leur sévérité, si la poussière de Samarie suffit pour remplir le creux de la main de tous les gens qui me suivent.
11Le roi d’Israël répondit : Dites à votre maître : On ne doit pas se glorifier lorsqu’on prend les armes, mais quand on les quitte.
12Lorsqu’il reçut cette réponse, Benadad buvait dans sa tente avec les rois ; et il dit à ses serviteurs : Investissez la ville ; et ils l’investirent.
13En même temps un prophète, s’approchant d’Achab roi d’Israël, lui dit : Voici ce que dit le Seigneur : Vous avez vu, assurément, toute cette multitude innombrable ; je vous la livrerai aujourd’hui entre les mains, afin que vous sachiez que je suis le Seigneur.
14Achab lui demanda : Par qui ? Il lui répondit : Voici ce que dit le Seigneur : Ce sera par les valets des princes des provinces. Achab ajouta : Qui commencera le combat ? Ce sera vous, dit le prophète.
15Achab fit donc la revue des serviteurs des princes des provinces, et il en trouva deux cent trente-deux. Il fit ensuite la revue du peuple, de tous les enfants d’Israël et il en trouva sept mille.
16Ils sortirent de la ville à midi. Benadad sous sa tente buvait et était ivre, avec les trente-deux rois venus à son secours.
17Les domestiques des princes des provinces marchaient au premier rang. Benadad envoya, et on vint lui dire : Des hommes sont sortis de Samarie.
18Il dit : Qu’ils viennent pour traiter de la paix, ou pour combattre, prenez-les tout vifs.
19Les valets des princes des provinces s’avancèrent donc, et le reste de l’armée les suivait ;
20Et chacun d’eux tua celui qui se présenta ; aussitôt les Syriens prirent la fuite, et l’armée d’Israël les poursuivit. Benadad, roi de Syrie, s’enfuit aussi à cheval, avec ses cavaliers ;
21Et le roi d’Israël, étant sorti de Samarie, tua les chevaux, renversa les chars, et frappa la Syrie d’une grande plaie.
22Alors un prophète vint trouver le roi d’Israël, et lui dit : Allez, fortifiez-vous, et considérez bien ce que vous avez à faire. Car le roi de Syrie viendra l’année prochaine pour vous combattre.
23Or les serviteurs du roi de Syrie lui dirent : Leurs dieux sont les dieux des montagnes, et c’est pour cela qu’ils nous ont vaincus ; il faut que nous les combattions en plaine, et nous les vaincrons.
24Pour vous, faites ceci : Écartez tous les rois de votre armée, et mettez vos principaux officiers à leur place.
25Rétablissez le nombre des soldats qui ont été tués, le nombre des chevaux, le nombre des chars, et nous les combattrons en plaine, et vous verrez que nous les battrons. Il crut leur conseil, et agit ainsi.
26Un an après, Benadad fit la revue des Syriens, et vint à Aphec, combattre Israël.
27Les enfants d’Israël tirent aussi la revue de leurs troupes, prirent des vivres, marchèrent contre les Syriens, et campèrent vis-à-vis d’eux, comme deux petits troupeaux de chèvres, tandis que les Syriens couvraient toute la terre.
28Alors un homme de Dieu vint trouver le roi d’Israël, et lui dit : Voici ce que dit le Seigneur : Parce que les Syriens ont dit : Le Seigneur est le Dieu des montagnes, mais il n’est pas le Dieu des vallées, je vous livrerai toute cette grande multitude, et vous saurez que je suis le Seigneur.
29Les deux armées restèrent rangées en bataille l’une devant l’autre durant sept jours. Le septième jour, la bataille se livra, et les enfants d’Israël tuèrent en un seul jour cent mille hommes de pied des Syriens.
30Ceux qui échappèrent s’enfuirent dans la ville d’Aphec, et une muraille tomba sur vingt-sept mille hommes qui restaient. Benadad, dans sa fuite, entra dans la ville, et se retira dans le lieu le plus secret de sa chambre.
31Alors ses serviteurs lui dirent : Nous avons appris que les rois de la maison d’Israël sont cléments. Mettons donc des sacs sur nos reins et des cordes à notre cou, et allons trouver le roi d’Israël ; peut-être nous sauvera-t-il la vie.
32Ils se mirent des sacs sur les reins et la corde au cou, vinrent trouver le roi d’Israël, et lui dirent : Benadad, votre serviteur, dit : Je vous en supplie, accordez-moi la vie. Il leur répondit : S’il vit encore, c’est mon frère.
33Les Syriens tirèrent de là un bon présage, et, prenant aussitôt ce mot de sa bouche, ils lui dirent : Votre frère Benadad. Il leur répondit : Allez, et amenez-le-moi. Benadad vint donc se présenter à Achab, qui le lit monter sur son char.
34Et Benadad lui dit : Je vous rendrai les villes que mon père a prises sur votre père ; et faites-vous des places publiques à Damas, comme mon père en avait fait pour lui à Samarie. Et, après avoir fait alliance, je me retirerai. Achab fit donc alliance avec lui, et le laissa aller.
35Alors un des enfants des prophètes dit, de la part du Seigneur, à un de ses compagnons : Frappez-moi. Et comme celui-ci refusa de le frapper,
36Il lui dit : Parce que vous n’avez pas voulu me frapper, dès que vous m’aurez quitté, un lion vous tuera. Lorsqu’il fut un peu éloigné, un lion le trouva et le tua.
37Ayant rencontré un autre homme, il lui dit : Frappez-moi. Cet homme le frappa et le blessa.
38Le prophète s’en allant donc vint au-devant du roi, qui était en chemin, et se rendit méconnaissable, en mettant de la poussière sur son visage et sur ses yeux.
39Et lorsque le roi fut passé, il cria après lui et lui dit : Votre serviteur s’était avancé pour combattre les ennemis de près, et l’un d’eux ayant fui, quelqu’un me l’a amené, et m’a dit : Gardez cet homme ; et s’il s’échappe, votre vie répondra de la sienne, ou vous paierez un talent d’argent.
40Et comme dans le trouble je me tournais de côté et d’autre, cet homme a disparu subitement. Le roi d’Israël lui dit : Vous avez vous-même prononcé votre arrêt.
41Aussitôt il essuya la poussière de son visage ; et le roi d’Israël reconnut qu’il était du nombre des prophètes.
42Il dit au roi : Voici ce que dit le Seigneur : Parce que vous avez laissé échapper de vos mains un homme digne de mort, votre vie répondra pour la sienne, et votre peuple pour son peuple.
43Mais le roi d’Israël retourna dans sa maison, refusant d’écouter, et il entra plein de fureur dans Samarie.