La sainte Bible

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Traduction selon la Vulgate dite Bible de Gustave Doré, édition de 1866, libre de droits.

n°10 / Les Rois Livre II 18 :

Victoire de l’armée de David sur Absalon. Absalon en fuyant reste suspendu à un arbre. Joab le perce de traits. David pleure sa mort.
1David, ayant fait la revue de son peuple, établit des tribuns et des centeniers.
2Il donna le tiers de ses troupes à commander à Joab, le tiers à Abisaï, fils de Sarvia et frère de Joab, et le tiers à Ethaï, de Geth. Et le roi dit ensuite à ses gens : J’irai aussi avec vous.
3Mais le peuple répondit : Vous ne viendrez point ; car quand même les ennemis nous mettraient en fuite, ils ne croiraient pas avoir triomphé ; et quand la moitié d’entre nous succomberait, ils en feraient peu de cas ; parce que vous seul êtes compté pour dix mille. Il vaut donc mieux que vous restiez dans la ville, pour être en état de nous secourir.
4Le roi leur dit : Je ferai ce qui vous semblera bon. Il se tint donc à la porte, pendant que toute l’armée sortait par troupes de cent hommes et de mille hommes.
5Et il donna cet ordre à Joab, à Abisaï et à Éthaï : Conservez-moi mon fils Absalon. Et tout le peuple entendit le roi qui recommandait Absalon à tous les chefs.
6L’armée marcha donc en bataille contre Israël, et le combat fut livré dans la forêt d’Éphraïm.
7Et là le peuple d’Israël fut taillé en pièces par l’armée de David. La défaite fut grande ce jour-là ; il y périt vingt mille hommes.
8Les gens d’Absalon, fuyant après le combat, furent dispersés de tous côtés ; et il y en eut beaucoup plus qui périrent alors dans la forêt, qu’il n’y en eut qui moururent par l’épée.
9Or il arriva qu’Absalon, monté sur son mulet, fut rencontré par les gens de David ; et comme il passait sous un grand chêne très-touffu, sa tête s’embarrassa dans les branches, le mulet sur lequel il était asssis passa outre, et il resta suspendu entre le ciel et la terre.
10Quelqu’un le vit, et vint dire à Joab : J’ai vu Absalon suspendu à un chêne.
11Joab dit à celui qui lui avait apporté cette nouvelle : Si tu l’as vu, pourquoi ne l’as-tu pas percé jusqu’en terre ? Et je t’aurais donné dix sicles d’argent et un baudrier.
12Il répondit à Joab : Quand vous mettriez entre mes mains mille pièces d’argent, je n’étendrais jamais la main sur le fils du roi ; car nous avons tous entendu l’ordre que le roi vous a donné, à vous, à Abisaï et à Éthaï, quand il vous a dit : Conservez-moi mon fils Absalon.
13Et si j’avais fait, au risque de ma vie, une action si téméraire, elle n’aurait pu être cachée au roi, et vous seriez-vous opposé à lui ?
14Joab lui dit : Il n’en sera point comme tu veux ; mais je l’attaquerai moi-même en ta présence. Il prit donc dans sa main trois javelots, et les enfonça dans le cœur d’Absalon. Et comme il palpitait encore, toujours suspendu au chêne,
15Dix jeunes écuyers de Joab accoururent, le percèrent de coups, et l’achevèrent.
16Aussitôt Joab fit sonner de la trompette, retint ses troupes, et, voulant épargner le peuple, les empêcha de poursuivre les Israélites qui fuyaient.
17On emporta Absalon et on le jeta dans une grande fosse qui était dans le bois, sur laquelle on éleva un grand monceau de pierres. Tous les Israélites s’enfuirent, et chacun retourna dans sa maison.
18Or Absalon, lorsqu’il vivait encore, s’était fait dresser une colonne dans la Vallée du Roi, car il disait : Je n’ai point de fils, et ce sera là un monument qui fera vivre mon nom. Il donna donc son nom à cette colonne, et on l’appelle encore aujourd’hui la main d’Absalon.
19Alors Achimaas, fils de Sadoc, dit à Joab : Je courrai, et j’annoncerai au roi que Dieu lui a fait justice, et l’a vengé de ses ennemis.
20Joab lui dit : Vous porterez les nouvelles une autre fois, mais non aujourd’hui ; je ne veux pas que ce soit vous en ce moment, parce que le fils du roi est mort.
21Et Joab dit à Chusi : Allez, et annoncez au roi ce que vous avez vu. Chusi fit à Joab un profond salut, et se mit à courir.
22Achimaas, fils de Sadoc, dit de nouveau à Joab : Qui empêche que je ne coure aussi après Chusi ? Joab lui dit : Pourquoi voulez-vous courir, mon fils ? Vous ne serez pas le porteur d’une bonne nouvelle.
23Mais enfin si je courais, ajouta Achimaas. Courez donc, répondit Joab. Ainsi Achimaas, courant par un chemin plus court, devança Chusi.
24Cependant David était assis entre les deux portes de la ville ; et la sentinelle, qui était sur la muraille au haut de la porte, levant les yeux, vit un homme qui était seul et qui courait ;
25Et, jetant un grand cri, il avertit le roi. Le roi dit : S’il est seul, il porte une bonne nouvelle. Or, comme celui-ci, se hâtant, approchait de plus près,
26La sentinelle en vit un second qui courait aussi ; et, criant à haute voix d’en haut, il dit : Je vois courir encore un autre homme, qui est seul. Le roi lui dit : Il porte aussi une bonne nouvelle.
27La sentinelle ajouta : A voir courir le premier, il me semble que c’est Achimaas, fils de Sadoc. Le roi lui dit : C’est un homme de bien, et il nous apporte de bonnes nouvelles.
28Achimaas, criant de loin, dit au roi : Salut, ô roi ! Dieu vous conserve ; et, s’abaissant jusqu’à terre devant lui, il ajouta : Béni soit le Seigneur votre Dieu, qui a livré entre vos mains ceux qui s’étaient élevés contre le roi mon seigneur.
29Le roi lui dit : Mon fils Absalon est-il en vie ? Achimaas lui répondit : Lorsque Joab, votre serviteur, m’a envoyé vers vous, ô roi ! j’ai vu s’élever un grand tumulte. Je ne sais pas autre chose.
30Passez, lui dit le roi, et tenez-vous là. Lorsqu’il fut passé et qu’il se tenait à sa place,
31Chusi parut, et il dit en arrivant : roi mon seigneur ! je vous apporte une bonne nouvelle, car le Seigneur a jugé aujourd’hui en votre faveur, et vous a délivré de la main de tous ceux qui s’étaient soulevés contre vous.
32Le roi dit à Chusi : Mon fils Absalon est-il en vie ? Chusi lui répondit : Que les ennemis du roi mon seigneur, et tous ceux qui se soulèvent contre lui pour le perdre, soient traités comme il a été.
33Le roi, saisi de douleur, monta à la chambre qui était au-dessus de la porte, et se mit à pleurer. Et il s’écriait en marchant : Mon fils Absalon ! Absalon, mon fils ! qui me donnera que je meure pour vous ? Mon fils Absalon Absalon, mon fils !