La sainte Bible

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Traduction selon la Vulgate dite Bible de Gustave Doré, édition de 1866, libre de droits.

n°27 / Daniel 4 :

Songe de Nabuchodonosor ; l’arbre abattu. Explication du songe par Daniel, et son accomplissement. Nabuchodonosor se tient un certain temps parmi les bêtes, et est ensuite rétabli dans son royaume.
1Moi Nabuchodonosor j’étais paisible dans ma maison, et florissant dans mon palais.
2J’eus un songe qui m’épouvanta, et comme j’étais sur mon lit, les pensées et les visions de mon esprit me troublèrent.
3C’est pourquoi je publiai l’ordre de faire venir en ma présence tous les sages de Babylone, afin qu’ils me donnassent l’explication de mon songe.
4Alors les devins, les mages, les Chaldéens et les augures se présentèrent, je leur racontai mon songe, et ils ne purent me l’expliquer.
5Enfin parut devant moi notre collègue, à qui j’ai donné le nom de Baltassar, du nom de mon dieu, et qui a en lui l’esprit des dieux saints. Je lui racontai ainsi mon songe :
6Baltassar, prince des devins, comme je sais que vous avez en vous l’esprit des dieux saints, et qu’il n’y a point de secret que vous ne puissiez pénétrer, dites-moi ce que j’ai vu en songe, et donnez-m’en l’explication.
7Voici la vision que j’ai eue lorsque je reposais sur mon lit ; Je voyais un arbre au milieu de la terre, et sa hauteur était prodigieuse.
8C’était un arbre grand et fort, qui s’élevait jusqu’au ciel, et qui paraissait s’étendre jusqu’aux extrémités du monde.
9Ses feuilles étaient très-belles et ses fruits abondants, propres à nourrir toute créature. Les animaux et les bêtes de la terre habitaient dessous, les oiseaux du ciel demeuraient sur ses branches, et toute chair y trouvait sa nourriture.
10J’eus cette vision étant sur mon lit. Alors celui qui veille, et qui est saint, descendit du ciel,
11Et cria d’une voix forte : Abattez l’arbre, coupez ses branches, faites tomber ses feuilles, et dispersez ses fruits ; que les bêtes qui sont dessous senfuient, et que les oiseaux s’envolent de dessus ses branches.
12Toutefois laissez en terre sa tige avec ses racines ; qu’il soit lié avec des chaînes de fer et d’airain au milieu des herbes de la campagne, qu’il soit mouillé de la rosée du ciel, et qu’il ait sa part avec les animaux sauvages dans l’herbe de la terre.
13Qu’on lui ôte son cœur d’homme, et qu’on lui donne un cœur de bête, et que sept temps se passent sur lui.
14Ainsi le décrète la sagesse de ceux qui veillent ; c’est la demande et la parole des saints, jusqu’à ce que les vivants connaissent que le Très-Haut domine sur les royaumes des hommes, qu’il les donne à qui il veut, même au dernier d’entre les mortels.
15Voilà le songe que j’ai eu, moi Nabuchodonosor, roi. Hâtez-vous donc, Baltassar, de m’en donner l’interprétation ; car tous les sages de mon royaume n’ont pu me l’expliquer ; pour vous, vous le pouvez, parce que l’esprit des dieux saints est en vous.
16Alors Daniel surnommé Baltassar commença à penser en lui-même dans le silence, pendant près d’une heure, et ses pensées portaient le trouble dans son esprit. Mais le roi, prenant la parole, lui dit : Baltassar, que ce songe et son interprétation ne vous troublent pas. Baltassar répondit : Mon Seigneur, que le songe soit sur ceux qui vous haïssent, et son explication sur vos ennemis.
17L’arbre que vous avez vu, qui était très-grand et très-fort, dont la hauteur atteignait le ciel, qui semblait couvrir toute la terre ;
18Dont les rameaux magnifiques étaient chargés de fruits assez abondants pour nourrir toute créature, sous lequel habitaient les animaux de la campagne, tandis que les oiseaux du ciel se retiraient sur ses branches ;
19C’est vous-même, ô roi, qui êtes devenu si grand et si puissant, que votre grandeur s’est accrue et élevée jusqu’au ciel, et que votre puissance s’étend jusqu’aux extrémités de la terre.
20Quant à ce que le roi a vu celui qui veille et qui est saint descendre du ciel et dire : Abattez cet arbre et coupez ses branches ; laissez néanmoins en terre sa tige avec ses racines ; qu’il soit lié avec des chaînes de fer et d’airain au milieu des herbes de la campagne ; qu’il soit mouillé de la rosée du ciel, et qu’il ait sa part avec les animaux sauvages, jusqu’à ce que sept temps soient passés sur lui ;
21Voici l’interprétation de la sentence du Très-Haut portée contre le roi mon seigneur :
22à eus serez chassé de la société des hommes, et votre demeure sera avec les animaux des champs et les bêtes sauvages ; vous brouterez l’herbe comme le bœuf ; vous serez trempé de la rosée du ciel ; sept temps se passeront sur vous, jusqu’à ce que vous reconnaissiez que le Très-Haut exerce sa domination sur les royaumes des hommes, et les donne à qui il veut.
23Mais si l’on a commandé qu’on réservât la tige de l’arbre avec ses racines, c’est que votre royaume vous restera après que vous aurez reconnu que la puissance vient du ciel.
24C’est pourquoi, ô roi, que mon conseil vous soit agréable. Rachetez vos péchés par les aumônes, et vos iniquités par les œuvres de miséricorde envers les pauvres : peut-être le Seigneur vous pardonnera-t-il vos offenses.
25Toutes ces choses arrivèrent au roi Nabuchodonosor.
26Douze mois après, se promenant dans le palais de Babylone,
27Il commença à dire : N’est-ce pas là cette grande Babylone que jai bâtie pour en faire le siège de mon royaume, dans la grandeur de ma puissance et dans l’éclat de ma gloire ?
28Le roi avait à peine prononcé cette parole, qu’une voix vint du ciel : Voici ce qui vous est dit, ô roi Nabuchodonosor : Votre royaume va vous être enlevé ;
29Vous serez chassé de la compagnie des hommes ; vous habiterez avec les animaux des champs et les bêtes farouches ; vous mangerez du foin comme un bœuf ; et sept temps passeront sur vous, jusqu’à ce que vous reconnaissiez que le Très-Haut a un pouvoir souverain sur les royaumes des hommes, et qu’il les donne à qui il veut.
30Cette parole s’accomplit à la même heure sur Nabuchodonosor. Il fut chassé du milieu des hommes ; il mangea de l’herbe comme un bœuf ; son corps fut trempé de la rosée du ciel, et ses cheveux s’accrurent comme les plumes des aigles, et ses ongles comme les griffes des oiseaux.
31Lorsque les temps furent accomplis, moi Nabuchodonosor, je levai les yeux au ciel ; ma raison me fut rendue ; je bénis le Très-Haut, je louai et glorifiai Celui qui vit éternellement, parce que sa puissance est une puissance éternelle, et que son empire s’étend de génération en génération.
32Tous les habitants de la terre sont devant lui comme le néant ; il fait tout ce qui lui plaît au milieu des puissances du ciel comme parmi les habitants de la terre, et nul ne peut résister à sa main, ni lui dire : Pourquoi avez-vous fait ainsi ?
33En ce même temps la raison me revint, et je recouvrai l’éclat et la gloire de la dignité royale ; ma première forme me fut rendue ; les grands de ma cour et mes principaux officiers vinrent me chercher. Je fus rétabli dans mon royaume, et je devins plus grand que jamais.
34Maintenant donc moi Nabuchodonosor je loue le Roi du ciel, je publie sa grandeur et sa gloire, parce que toutes ses œuvres sont fondées dans la vérité, ses voies sont pleines de justice, et il peut humilier ceux qui marchent avec orgueil.