La sainte Bible

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Traduction revue par Jean-Frédéric Ostervald, édition de 1823, libre de droits.

n°18 / Le livre de Job. 9 :

1Mais Job répondit et dit :
2Certainement, je sais que cela est ainsi ; et comment l’homme mortel se justifierait-il devant le Dieu fort ?
3S’il veut plaider avec lui, il ne lui répondra pas sur un seul article, de mille qu’on lui proposera.
4Dieu est sage de cœur, et tout-puissant en force. Qui est-ce qui s’est opposé à lui, et s’en est bien trouvé ?
5Il transporte les montagnes ; et ceux qu’il renverse dans sa colère n’y font aucune attention.
6Il fait trembler la terre et la remue de sa place, et ses colonnes sont ébranlées.
7C’est lui qui parle au soleil, et le soleil ne se lève point ; et c’est lui qui tient les étoiles sous son sceau.
8C’est lui seul qui étend les cieux, qui marche sur les hauteurs de la mer ;
9Qui a fait l’ourse, l’orion, et les pléiades, et les signes qui sont au fond du Midi ;
10Qui fait des choses si grandes qu’on ne les peut sonder, et qui fait tant de choses merveilleuses qu’on ne les peut compter.
11Voici, il passera auprès de moi, et je ne le verrai point ; et il repassera, et je ne l’apercevrai point.
12S’il ravit, qui le lui fera rendre ? Qui est-ce qui lui dira : Que fais-tu ?
13Dieu ne révoque point sa colère ; et le secours des hommes superbes est abattu sous lui.
14Combien moins lui répondrais-je, moi, et choisirais-je des paroles pour lui parler ?
15Moi, je ne lui répondrai point, quand même je serais juste ; mais je demanderai grâce à mon juge.
16Si lorsque je l’invoque il me répondait, je ne croirais point encore qu’il eût écouté ma voix.
17Car il m’a écrasé d’un tourbillon, et il a ajouté plaie sur plaie, sans que j’en sache la raison.
18Il ne me permet point de reprendre haleine ; mais il me rassasie d’amertume.
19S’il est question de la force, voilà, il est le plus fort ; et s’il faut aller en justice, qui entreprendra ma cause ?
20Si je me justifie, ma propre bouche me condamnera ; si j’allègue que je suis plein d’intégrité, il me convaincra d’être coupable.
21Quand je serais plein d’intégrité, je ne me soucierais pas de vivre ; je suis ennuyé de la vie.
22Tout ce que j’ai dit revient à ceci : C’est que Dieu afflige l’homme qui vit dans l’intégrité, aussi bien que l’impie.
23Au moins, si le fléau faisait mourir incontinent ; mais il semble se rire de l’épreuve des innocens.
24La terre est livrée entre les mains du méchant ; il couvre les yeux de ses juges. Si ce n’est lui, qui est-ce donc ?
25Et mes jours ont passé plus vite qu’un courrier ; ils se sont enfuis, et ils n’ont pas joui du bien.
26Ils ont passé avec la même vitesse que des barques de poste ; comme un aigle qui vole après la proie.
27Si je dis : J’oublierai ma plainte, je cesserai d’être chagrin, je prendrai courage ;
28Je suis effrayé de toutes mes douleurs ; car je sais que tu ne me jugeras point innocent.
29Je serai trouvé méchant ; pourquoi travaillerais-je en vain ?
30Quand je me laverais dans de l’eau de neige, et que je nettoierais mes mains en pureté ;
31Alors tu me plongerais dans un fossé, et mes vêtemens feraient qu’on m’aurait en horreur.
32Car il n’est pas un homme comme moi, pour que je puisse lui répondre, et que nous allions ensemble en jugement.
33Il n’y a personne qui puisse prendre connaissance de la cause qui est entre nous, et qui puisse interposer son autorité entre nous deux.
34Qu’il ôte donc sa verge de dessus moi, et que sa frayeur ne me trouble plus.
35Je parlerai alors sans le craindre ; mais dans l’état où je me trouve, je ne suis point à moi-même.