La sainte Bible

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Traduction revue par Jean-Frédéric Ostervald, édition de 1823, libre de droits.

n°18 / Le livre de Job. 30 :

1Mais, maintenant, ceux qui sont plus jeunes que moi se moquent de moi ; ceux-là même dont je n’aurais pas daigné mettre les pères avec les chiens de mon troupeau.
2Et qu’avais-je à faire de la force de leurs mains ? La vieillesse était périe en eux.
3Pressés par la disette et par la faim, ils vivaient à l’écart, fuyant dans les lieux arides, ténébreux, désolés et déserts.
4Ils coupaient des herbes sauvages auprès des arbrisseaux, et la racine des genièvres pour se chauffer.
5Ils étaient chassés du milieu des hommes, et on criait après eux comme après un larron.
6Et ils habitaient dans les creux des torrens, dans les trous de la terre et des rochers.
7Ils ne faisaient que hurler entre les arbrisseaux, et ils se tapissaient sous les chardons.
8C’étaient des gens de néant, des gens sans nom, et qui étaient abaissés plus bas que la terre.
9Et maintenant, je suis le sujet de leur chanson, et je fais la matière de leur entretien.
10Ils m’ont en abomination ; ils se tiennent loin de moi ; même, ils ne craignent pas de me cracher au visage.
11Parce que Dieu a relâché la corde de mon arc et m’a affligé, ils ont secoué le frein de devant moi.
12Des jeunes gens s’élèvent à ma droite ; ils poussent mes pieds, et ils apprennent aux autres à m’outrager.
13Ils ont rompu mon chemin ; ils aident à me rendre misérable, sans qu’ils aient besoin de personne qui les aide.
14Ils viennent contre moi comme par une brèche large, et ils se sont roulés sur moi dans ma ruine.
15Tout a été renversé sur moi, et des frayeurs poursuivent mon âme comme un vent, de sorte que ma délivrance est passée comme une nuée.
16C’est pourquoi, maintenant mon âme se fond en moi ; les jours d’affliction m’ont atteint.
17Il m’a percé de nuit les os, et mes veines n’ont point de repos.
18Mon vêtement a changé de couleur, par la grandeur de son effort ; et il me serre tout autour, comme la ceinture de ma robe.
19Il m’a jeté dans la boue, et je ressemble à la poussière et à la cendre.
20Je crie à toi, et tu ne m’exauces point ; je me tiens debout devant toi, et tu ne me regardes point.
21Tu deviens cruel contre moi, et tu t’opposes à moi, par la force de ta main.
22Tu m’enlèves, tu me fais monter sur le vent, comme sur un chariot, et tu fais fondre en moi tout ce qui me fait subsister.
23Or, je sais bien que tu m’amèneras à la mort, et dans la maison assignée à tous les vivans.
24Quoi qu’il en soit, il n’étendra point sa main jusqu’au sépulcre. Ceux qu’il aura détruits, crieront-ils à lui ?
25Ne pleurais-je pas à cause de celui qui passait de mauvais jours ? et mon âme n’était-elle pas affligée à cause du pauvre ?
26Quand j’attendais le bien, le mal m’est arrivé ; et quand j’espérais la clarté, les ténèbres sont venues.
27Mes entrailles sont comme dans un feu, sans avoir aucun repos ; les jours d’affliction m’ont prévenu.
28Je marche tout noirci, mais non point par les rayons du soleil ; je me lève, je crie en pleine assemblée.
29Je suis devenu le frère des dragons, et le compagnon des hibous.
30Ma peau est devenue noire sur moi, et mes os sont desséchés par l’ardeur du feu qui me consume.
31C’est pourquoi, ma harpe s’est changée en deuil, et mes instrumens de musique en des voix lugubres.