La sainte Bible

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Traduction revue par Jean-Frédéric Ostervald, édition de 1823, libre de droits.

n°18 / Le livre de Job. 29 :

1Et Job continuant, reprit son discours sentencieux, et dit :
2Oh ! qui me ferait être comme j’étais autrefois, comme j’étais dans ces jours où Dieu me gardait !
3Quand il faisait luire son flambeau sur ma tête, et quand, par sa lumière, je marchais dans les ténèbres !
4Comme j’étais aux jours de ma jeunesse, dans le conseil secret de Dieu, dans ma tente ;
5Quand le Tout-Puissant était encore avec moi, et mes gens autour de moi ;
6Quand je lavais mes pas dans le beurre, et que des ruisseaux d’huile découlaient pour moi du rocher ;
7Quand je sortais vers la porte, passant par la ville, et que je me faisais préparer un siége dans la place ;
8Les jeunes gens me voyant, se retiraient ; les plus anciens se levaient et se tenaient debout.
9Les principaux s’abstenaient de parler, et mettaient la main sur leur bouche.
10Les conducteurs retenaient leur voix, et leur langue était attachée à leur palais.
11L’oreille qui m’entendait disait que j’étais bienheureux ; et l’œil qui me voyait me rendait témoignage.
12Car je délivrais l’affligé qui criait, et l’orphelin qui n’avait personne pour le secourir.
13La bénédiction de celui qui s’en allait périr venait sur moi, et je faisais que le cœur de la veuve chantait de joie.
14J’étais revêtu de justice ; elle me servait de vêtement, mon équité m’était comme un manteau, et comme une tiare.
15Je servais d’yeux à l’aveugle, et de pieds au boiteux.
16J’étais le père des pauvres, et je m’informais diligemment de la cause qui ne m’était point connue.
17Je brisais les mâchoires de l’injuste, et je lui arrachais la proie d’entre ses dents.
18Et je disais : Je mourrai dans mon nid, et je multiplierai mes jours comme des grains de sable.
19Ma racine s’étendait sur les eaux, et la rosée demeurait toute la nuit sur mes branches.
20Ma gloire se renouvelait en moi, et mon arc se renforçait dans mes mains.
21On m’écoutait, et on attendait que j’eusse parlé, et on se taisait après avoir entendu mon avis.
22Ils ne répliquaient rien après ce que je disais, et ma parole tombait sur eux comme les gouttes de la pluie.
23Ils m’attendaient comme la pluie ; ils ouvraient leur bouche, comme après la pluie de l’arrière-saison.
24Riais-je avec eux, ils ne s’en prévalaient pas ; et ils ne faisaient point déchoir la sérénité de mon visage.
25Voulais-je aller avec eux, j’étais assis dans la première place ; j’étais entre eux comme un roi dans son armée, et comme celui qui console les affligés.