La sainte Bible

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Traduction par Louis Segond & Hugues Oltramare, édition de 1874, libre de droits.

n°24 / Jérémie 6 :

1Fuyez, enfants de Benjamin, du milieu de Jérusalem, Sonnez de la trompette à Tekoa, Elevez un signal à Beth-Hakkérem ! Car on voit venir du septentrion le malheur Et un grand désastre.
2La belle et la délicate, Je la détruis, la fille de Sion !
3Vers elle marchent des bergers avec leurs troupeaux ; Ils dressent des tentes autour d’elle, Ils broutent chacun sa part.
4Préparez-vous à l’attaquer ! Allons ! montons en plein midi !... Malheureusement pour nous, le jour baisse, Les ombres du soir s’allongent.
5Allons ! montons de nuit ! Détruisons ses palais !
6Car ainsi parle l’Éternel des armées : Abattez les arbres, Elevez des terrasses contre Jérusalem ! C’est la ville qui doit être châtiée ; Il n’y a qu’oppression au milieu d’elle.
7Comme un puits fait jaillir ses eaux, Ainsi elle fait jaillir sa méchanceté ; Il n’est bruit en son sein que de violence et de ruine ; Sans cesse à mes regards s’offrent la douleur et les plaies.
8Reçois instruction, Jérusalem, De peur que je ne m’éloigne de toi, Que je ne fasse de toi un désert, Un pays inhabité !
9Ainsi parle l’Éternel des armées : On grappillera comme une vigne les restes d’Israël. Portes-y de nouveau la main, Comme le vendangeur sur les ceps.
10À qui m’adresser, et qui prendre à témoin pour qu’on écoute ? Voici, leur oreille est incirconcise, Et ils sont incapables d’être attentifs ; Voici, la parole de l’Éternel est pour eux un opprobre, Ils n’y trouvent aucun plaisir.
11Je suis plein de la fureur de l’Éternel, je ne puis la contenir. Répands-la sur l’enfant dans la rue, Et sur les assemblées des jeunes gens. Car l’homme et la femme seront pris, Le vieillard et celui qui est chargé de jours.
12Leurs maisons passeront à d’autres, Les champs et les femmes aussi, Quand j’étendrai ma main sur les habitants du pays, Dit l’Éternel.
13Car depuis le plus petit jusqu’au plus grand, Tous sont avides de gain ; Depuis le prophète jusqu’au sacrificateur, Tous usent de tromperie.
14Ils pansent à la légère la plaie de la fille de mon peuple : Paix ! paix ! disent-ils ; Et il n’y a point de paix ;
15Ils seront confus, car ils commettent des abominations ; Ils ne rougissent pas, ils ne connaissent pas la honte ; C’est pourquoi ils tomberont avec ceux qui tombent, Ils seront renversés quand je les châtierai, Dit l’Éternel.
16Ainsi parle l’Éternel : Placez-vous sur les chemins, regardez, Et demandez quels sont les anciens sentiers, Quelle est la bonne voie ; marchez-y, Et vous trouverez le repos de vos âmes ! Mais ils répondent : Nous n’y marcherons pas.
17J’ai mis près de vous des sentinelles : Soyez attentifs au son de la trompette ! Mais ils répondent : Nous n’y serons pas attentifs.
18C’est pourquoi écoutez, nations ! Sachez ce qui leur arrivera, assemblée des peuples !
19Écoute, terre ! Voici, je fais venir sur ce peuple le malheur, Fruit de ses pensées ; Car ils n’ont point été attentifs à mes paroles, Ils ont méprisé ma loi.
20Qu’ai-je besoin de l’encens qui vient de Séba, Du roseau aromatique d’un pays lointain ? Vos holocaustes ne me plaisent point, Et vos sacrifices ne me sont point agréables.
21C’est pourquoi ainsi parle l’Éternel : Voici, je mettrai devant ce peuple des pierres d’achoppement, Contre lesquelles se heurteront ensemble pères et fils, Voisins et amis, et ils périront.
22Ainsi parle l’Éternel : Voici, un peuple vient du pays du septentrion, Une grande nation se lève des extrémités de la terre.
23Ils portent l’arc et le javelot ; Ils sont cruels, sans miséricorde ; Leur voix mugit comme la mer ; Ils sont montés sur des chevaux, Prêts à combattre comme un seul homme, Contre toi, fille de Sion !
24Au bruit de leur approche, Nos mains s’affaiblissent, L’angoisse nous saisit, Comme la douleur d’une femme qui accouche.
25Ne sortez pas dans les champs, N’allez pas sur les chemins ; Car là est le glaive de l’ennemi, Et l’épouvante règne à l’entour !
26Fille de mon peuple, couvre-toi d’un sac et roule-toi dans la cendre, Prends le deuil comme pour un fils unique, Verse des larmes, des larmes amères ! Car le dévastateur vient sur nous à l’improviste.
27Je t’avais établi en observation parmi mon peuple, Comme une forteresse, Pour que tu connusses et sondasses leur voie.
28Ils sont tous des rebelles, des calomniateurs, De l’airain et du fer ; Ils sont tous corrompus.
29Le soufflet est brûlant, Le plomb est consumé par le feu ; C’est en vain qu’on épure, Les scories ne se détachent pas.
30On les appelle de l’argent méprisable, Car l’Éternel les a rejetés.