La sainte Bible

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Traduction par Louis Segond & Hugues Oltramare, édition de 1874, libre de droits.

n°44 / Actes des Apôtres 27 :

1Quand il eut été décidé que nous irions par mer en Italie, on remit Paul et d’autres prisonniers à un centurion nommé Julius, de la cohorte Augusta.
2Nous montâmes sur un vaisseau d’Adramytte qui devait longer les côtes de l’Asie, et nous levâmes l’ancre, ayant avec nous Aristarque, Macédonien de Thessalonique.
3Le lendemain, nous touchâmes à Sidon. Julius traita Paul avec beaucoup de bonté, et lui permit d’aller vers ses amis jouir de leurs bons soins.
4Etant partis de là, nous rangeâmes la côte de Chypre, parce que les vents étaient contraires ;
5et, après avoir traversé la mer qui baigne la Cilicie et la Pamphylie, nous abordâmes à Myra, ville de Lycie.
6Là, ayant trouvé un bâtiment d’Alexandrie qui faisait voile pour l’Italie, le centurion nous y fit monter.
7Après plusieurs jours d’une lente navigation, nous arrivâmes à grand’peine à la hauteur de Cnide. Le vent ne nous ayant pas permis d’en approcher, nous rangeâmes la côte de Crête, vers Salmone,
8et, en côtoyant l’île avec peine, nous arrivâmes à un endroit nommé Beaux-Ports ; près de là se trouvait la ville de Lasée.
9Comme il s’était écoulé bien du temps et que la navigation était déjà dangereuse, car l’époque même du Jeûne était déjà passée, Paul fit des représentations à l’équipage, disant :
10« hommes, je vois que la navigation ne peut se faire sans exposer au danger et à de graves dommages, non seulement la cargaison et le bâtiment, mais encore nos personnes. »
11Mais le centurion ajouta plus de foi à Paris du pilote et de l’affréteur qu’aux paroles de Paul.
12D’ailleurs, comme le port n’était pas bon pour un hivernage, la plupart furent d’avis de quitter ces lieux pour tâcher de gagner Phénice, port de Crête qui regarde le sud-ouest et le nord-ouest, afin d’y passer l’hiver.
13Un léger vent du sud s’étant levé, ils se crurent à même de réaliser leur projet, levèrent l’ancre et serrèrent de plus près la côte.
14Mais bientôt un vent impétueux, qu’on appelle Euroclydon, se déchaîna sur l’île :
15comme le navire était entraîné, de sorte qu’il ne pouvait tenir contre le vent, nous voguâmes en nous y abandonnant.
16Ayant passé rapidement au-dessous d’une petite île nommée Clauda, nous parvînmes, non sans peine, à nous rendre maîtres de la chaloupe.
17Après l’avoir hissée, on se servit des engins de secours ; on entoura le navire par-dessous avec des câbles, et, dans la crainte d’aller donner contre la Syrte, on abattit la voilure : c’est ainsi que nous voguions au gré du vent.
18Comme nous étions violemment battus par la tempête, on jeta, le lendemain, la cargaison à la mer.
19Le jour suivant, nous précipitâmes de nos propres mains le mobilier du bâtiment.
20Pendant plusieurs jours, ni le soleil ni les étoiles ne se montrèrent : une violente tempête se déchaîna, et nous perdîmes alors toute espérance de salut.
21Comme il y avait longtemps que personne n’avait mangé, Paul se leva au milieu de l’équipage, et dit : « Vous auriez dû m’écouter, hommes, ne point partir de Crête, et vous vous seriez épargné ces fureurs de la mer et cette perte.
22Maintenant je vous invite à prendre courage ; aucun de vous ne perdra la vie, le navire seul périra ;
23car un ange du Dieu à qui j’appartiens et que je sers, m’est apparu cette nuit même,
24et m’a dit : « Sois sans crainte, Paul ; il faut que tu comparaisses devant César, et voici, Dieu t’a donné tous ceux qui naviguent avec toi. »
25En conséquence, ô hommes, ayez bon courage, car j’ai cette foi en Dieu, que les choses se passeront comme elles m’ont été dites :
26nous devons échouer sur quelque île. »
27Quand vint la quatorzième nuit, nous étions ballottés sur l’Adriatique, lorsque, vers le milieu de la nuit, les matelots soupçonnèrent qu’on approchait de quelque terre.
28Ayant jeté la sonde, ils trouvèrent vingt brasses ; à quelque distance de là, ils la jetèrent de nouveau, et trouvèrent quinze brasses.
29Craignant alors de donner contre des récifs, ils jetèrent quatre ancres de la poupe, et appelèrent de leurs vœux la venue du jour.
30Comme les matelots cherchaient à s’enfuir du vaisseau, et mettaient la chaloupe à la mer, sous prétexte d’aller jeter des ancres du côté de la proue,
31Paul dit au centurion et aux soldats : « Si ces hommes ne restent pas sur le bâtiment, c’en est fait de vous. »
32Alors les soldats coupèrent les cordes de la chaloupe et la laissèrent tomber.
33En attendant le jour, Paul invita tout le monde à prendre de la nourriture, disant : « C’est aujourd’hui le quatorzième jour que vous passez dans l’attente et que vous n’avez rien pris.
34Je vous engage donc à manger ; c’est nécessaire à votre salut, car aucun de vous ne perdra un cheveu de sa tête. »
35Ayant ainsi parlé, il prit du pain, et, ayant rendu grâces à Dieu en présence de tous, il le rompit, et se mit à manger.
36Tous les autres reprenant courage, mangèrent aussi :
37nous étions en tout, sur le bâtiment, deux cent soixante et seize personnes.
38Lorsqu’on eut mangé suffisamment, on allégea le navire en jetant les provisions à la mer.
39Quand le jour fut venu, ils ne reconnurent pas quelle terre c’était, mais ils aperçurent une baie ayant une plage, et ils résolurent d’y pousser le navire, s’ils le pouvaient.
40Ils coupèrent les amarres des ancres, en laissant celles-ci à la mer ; en même temps ils relâchèrent les cordes qui attachaient les gouvernails, et mettant au vent la voile de perroquet, ils se dirigèrent vers la plage ;
41mais ayant touché une langue de terre, ils y firent échouer le vaisseau, et, tandis que la proue, ensablée, restait immobile, la poupe était fracassée par la violence des vagues.
42Les soldats formèrent le projet de tuer les prisonniers, de peur que quelqu’un d’eux ne s’échappât à la nage ;
43mais le centurion, qui voulait sauver Paul, les empêcha d’exécuter leur dessein ; il ordonna que ceux qui savaient nager se jetassent les premiers à l’eau, pour gagner le rivage,
44et que le reste, les uns sur des planches, les autres sur quelque fragment du navire, en fit autant : c’est ainsi qu’ils réussirent tous à se sauver à terre.