La sainte Bible

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Traduction par Louis Claude Fillion, édition de 1889, libre de droits.

n°18 / Job 16 :

1Job prit la parole et dit :
2J’a entendu souvent de pareils discours ; vous êtes tous des consolateurs importuns.
3Ces discours en l’air finiront-ils ? Et qu’y a-t-il de plus aisé que de parler ainsi ?
4Moi aussi je pourrais en dire autant que vous ; et que ne suis-je à votre place !
5Je vous consolerais aussi par mes paroles, et je branlerais la téte à votre sujet.
6Je vous fortifierais par mon langage, et je remuerais mes lèvres, commee par compassion pour vous.
7Mais que ferai-je ? Si je parle, ma douleur ne s’apaisera point ; et si je me tais, elle ne me quittera pas.
8Mais maintenant ma douleur m’accable, et tous mes membres sont réduits à rien.
9Mes rides rendent témoignage contre moi ; et il s’élève, devant ma face, un menteur qui m’accuse.
10Il a ramassé contre moi sa fureur ; il a grincé des dents en me menaçant ; mon ennemi m’a envisagé avec un regard terrible.
11Ils ont ouvert leurs bouches contre moi, et, me couvrant d’opprobre, ils ont frappé ma joue, et se sont rassasiés de mes peines.
12Dieu m’a mis à la merci du méchant ; il m’a livré entre les mains des impies.
13Moi qui étais autrefois si puissant, j’ai été brisé tout à coup. Il m’a pris par la nuque, il m’a broyé, et il m’a mis comme en butte à ses traits.
14Il m’a environné de ses lances, il m’en a percé les reins ; il ne m’a point épargné, et il a répandu mes entrailles à terre.
15Il m’a fait blessure sur blessure ; il a fondu sur moi comme un géant.
16J’ai cousu un cilice sur ma peau, et j’ai couvert ma chair de cendres.
17Mon visage s’est gonflé à force de pleurer, et mes paupières se sont obscurcies.
18J’ai souffert cela sans que l’iniquité fût dans ma main, lorsque j’offrais à Dieu de pures prières.
19Terre, ne couvre point mon sang, et que mes cris ne soient nulle part étouffés dans ton sein.
20Car voici que mon Témoin est dans le ciel, et celui qui me connaît à fond habite les hauts lieux.
21Mes amis se répandent en paroles, mes yeux fondent en larmes devant Dieu.
22Que je voudrais que l’homme pût se justifier devant Dieu, comme il peut se justifier devant un de ses semblables !
23Car mes années s’écoulent rapides, et je parcours une voie par laquelle je ne reviendrai jamais.