La sainte Bible

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Traduction par Louis Claude Fillion, édition de 1889, libre de droits.

n°11 / Troisième livre des Rois 3 :

1Le règne de Salomon s’étant ainsi affermi, il s’allia avec le Pharaon, roi d’Égypte ; car il épousa sa fille, qu’il amena dans la ville de David, jusqu’à ce qu’il eût achevé de bâtir son palais, la maison du Seigneur, et les murs qu’il faisait faire tout autour de Jérusalem.
2Le peuple, cependant, immolait toujours sur les hauts lieux, parce que jusqu’alors on n’avait point encore bâti de temple au Seigneur.
3Or Salomon aima le Seigneur, et il se conduisit selon les préceptes de David son père, excepté qu’il sacrifia et qu’il brûlait de l’encens sur les hauts lieux.
4Il s’en alla donc à Gabaon pour y sacrifier, parce que c’était là le plus considérable de tous les hauts lieux ; et il offrit mille hosties en holocauste sur l’autel qui était à Gabaon.
5Or le Seigneur apparut en songe à Salomon pendant la nuit, et lui dit : Demandez-moi ce que vous voulez que je vous donne.
6Salomon lui répondit : Vous avez usé d’une grande miséricorde envers David mon père, votre serviteur, selon qu’il a marché devant vous dans la vérité et dans la justice, et que son cœur a été droit à vos yeux ; vous lui avez conservé cette grande miséricorde, et vous lui avez donné un fils qui est assis sur son trône, comme il paraît aujourd’hui.
7Maintenant donc, Seigneur Dieu, vous m’avez fait régner, moi votre serviteur, à la place de David mon père ; mais je ne suis encore qu’un jeune enfant, qui ne sait de quelle manière il doit se conduire.
8Et votre serviteur se trouve au milieu du peuple que vous avez choisi, d’un peuple infini, qui est innombrable à cause de sa multitude.
9Donnez donc à votre serviteur un cœur docile, afin qu’il puisse juger votre peuple, et discerner entre le bien et le mal ; car qui pourra rendre la justice à votre peuple, à ce peuple si nombreux ?
10Le Seigneur agréa donc que Salomon lui eût fait cette demande.
11Et il dit à Salomon : Parce que vous m’avez fait cette demande, et que vous n’avez point désiré un grand nombre d’années, ou de grandes richesses, ou la vie de vos ennemis, mais la sagesse pour discerner ce qui est juste,
12J’ai déjà fait ce que vous m’avez demandé, et je vous ai donné un cœur si plein de sagesse et d’intelligence, qu’il n’y a jamais eu d’homme avant vous qui vous ait égalé, et qu’il n’y en aura point après vous qui vous égale.
13Mais je vous ai en outre donné ce que vous ne m’avez point demandé, savoir, les richesses et la gloire, de sorte qu’aucun roi ne vous aura jamais égalé en ce point dans tous les siècles passés.
14Que si vous marchez dans mes voies, et que vous gardiez mes préceptes et mes ordonnances, comme votre père les a gardés, je vous donnerai encore une longue vie.
15Salomon, s’étant réveillé, comprit que c’était un songe ; et étant venu à Jérusalem, il se présenta devant l’arche de l’Alliance du Seigneur, offrit des holocaustes et des victimes pacifiques, et fit à tous ses serviteurs un grand festin.
16Alors deux femmes de mauvaise vie vinrent trouver le roi, et se présentèrent devant lui.
17L’une d’elles lui dit : Je vous prie, mon seigneur, faites-moi justice. Nous demeurions, cette femme et moi, dans une même maison, et je suis accouchée près d’elle dans la même chambre.
18Elle est accouchée aussi trois jours après moi ; nous étions ensemble dans cette maison, et il n’y avait personne autre que nous deux.
19Le fils de cette femme est mort pendant la nuit, car elle l’a étouffé en dormant ;
20et se levant dans le silence d’une nuit profonde, pendant que je dormais, moi votre servante, elle m’a ôté mon fils que j’avais à mon côté ; et l’ayant pris auprès d’elle, elle a mis auprès de moi son fils qui était mort.
21Quand je me levai la matin pour allaiter mon fils, je vis qu’il était mort ; et, le considérant avec plus d’attention au grand jour, j’ai reconnu que ce n’était pas le mien, celui que j’avais enfanté.
22L’autre femme lui répondit : Ce que tu dis n’est pas vrai ; mais c’est ton fils qui est mort, et le mien est vivant. La première, au contraire, répliquait : Tu mens, car c’est mon fils qui est vivant, et le tien est mort ; et elles disputaient ainsi devant le roi.
23Alors le roi dit : Celle-ci dit : Mon fils est vivant, et le tien est mort. Et l’autre répond : Non ; mais c’est ton fils qui est mort, et le mien est vivant.
24Le roi ajouta : Apportez-moi une épée. Lorsqu’on eut apporté une épée devant le roi,
25il dit à ses gardes : Coupez en deux cet enfant qui est vivant, et donnez-en la moitié à l’une, et la moitié à l’autre.
26Alors la femme dont le fils était vivant dit au roi (car ses entrailles furent émues pour son fils) : Seigneur donnez-lui, je vous supplie, l’enfant vivant, et ne le tuez point. L’autre disait au contraire : Qu’il ne soit ni à moi ni à toi ; mais qu’on le divise en deux.
27Alors le roi prononça cette sentence : Donnez à celle-ci l’enfant vivant, et qu’on ne le tue point ; car c’est elle qui est sa mère.
28Tout Israël apprit donc la manière dont le roi avait jugé cette affaire, et ils conçurent tous de la crainte pour lui, voyant que la sagesse de Dieu était en lui pour rendre la justice.