La sainte Bible

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Traduction par Louis-Issac Lemaistre de Saci, édition de 1855, libre de droits.

n°42 / Évangile de saint Luc. 8 :

1QUELQUE temps après, Jésus allait de ville en ville, et de village en village, prêchant l’Évangile, et annonçant le royaume de Dieu ; et les douze apôtres étaient avec lui.
2Il y avait aussi quelques femmes, qui avaient été délivrées des malins esprits, et guéries de leurs maladies : entre lesquelles étaient Marie, surnommée Magdeleine, de laquelle sept démons étaient sortis ;
3Jeanne, femme de Chuza, intendant de la maison d’Hérode ; Susanne, et plusieurs autres qui l’assistaient de leurs biens.
4Or, le peuple s’assemblant en foule, et se pressant de sortir des villes pour venir vers lui, il leur dit en parabole :
5Celui qui sème, s’en alla semer son grain : et une partie de la semence qu’il semait, tomba le long du chemin, où elle fut foulée aux pieds, et les oiseaux du ciel la mangèrent.
6Une autre partie tomba sur des pierres ; et ayant levé elle se sécha, parce qu’elle n’avait point d’humidité.
7Une autre tomba au milieu des épines ; et les épines croissant avec la semence, l’étouffèrent.
8Une autre partie tomba dans une bonne terre ; et ayant levé elle porta du fruit, et rendit cent pour un. En disant ceci, il criait : Que celui-là l’entende, qui a des oreilles pour entendre.
9Ses disciples lui demandèrent ensuite, ce que voulait dire cotte parabole.
10Et il leur dit : Pour vous, il vous a été donné de connaître le mystère du royaume de Dieu ; mais pour les autres, il ne leur est proposé qu’en paraboles ; afin qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en écoutant ils ne comprennent point.
11Voici donc ce que veut dire cette parabole : La semence, c’est la parole de Dieu.
12Ceux qui sont marqués par ce qui tombe le long du chemin, sont ceux qui écoutent la parole ; mais le diable vient ensuite, qui enlève cette parole de leur coeur, de peur qu’ils ne croient et ne soient sauvés.
13Ceux qui sont marqués par ce qui tombe sur des pierres, sont ceux qui écoutant la parole, la reçoivent avec joie ; mais ils n’ont point de racine : ainsi ils croient seulement pour un temps, et au temps de la tentation ils se retirent.
14Ce qui tombe dans les épines, marque ceux qui ont écouté la parole, mais en qui elle est ensuite étouffée par les sollicitudes, par les richesses, et par les plaisirs de cette vie ; de sorte qu’ils ne portent point de fruit.
15Enfin ce qui tombe dans la bonne terre, marque ceux qui ayant écouté la parole avec un coeur bon et excellent, la retiennent et la conservent, et portent du fruit par la patience.
16Il n’y a personne qui après avoir allumé une lampe, la couvre d’un vase, ou la mette sous un lit ; mais on la met sur le chandelier, afin que ceux qui entrent, voient la lumière.
17Car il n’y a rien de secret qui ne doive être découvert, ni rien de caché qui ne doive être connu, et paraître publiquement.
18Prenez donc bien garde de quelle manière vous écoutez : car on donnera encore à celui qui a déjà ; et pour celui qui n’a rien, ou lui ôtera même ce qu’il croit avoir.
19Cependant sa mère et ses frères étant venus vers lui, et ne pouvant l’aborder à cause de la foule du peuple,
20il en fut averti, et on lui dit : Votre mère et vos frères sont là dehors, qui désirent de vous voir.
21Mais il leur répondit : Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la pratiquent.
22Un jour étant monté sur une barque avec ses disciples, il leur dit : Passons à l’autre bord du lac. Ils partirent donc.
23Et comme ils passaient, il s’endormit ; alors un grand tourbillon de vent vint tout d’un coup fondre sur le lac, en sorte que leur barque s’emplissant d’eau, ils étaient en péril.
24Ils s’approchèrent donc de lui, et l’éveillèrent, en lui disant ; Maître ! nous périssons. Jésus s’étant levé, parla avec menaces aux vents et aux flots agités, et ils s’apaisèrent ; et il se fit un grand calme.
25Alors il leur dit : Où est votre foi ? Mais eux, remplis de crainte et d’admiration, se disaient l’un à l’autre : Quel est donc celui-ci, qui commande de la sorte aux vents et aux flots, et à qui ils obéissent ?
26Ils abordèrent ensuite au pays des Géraséniens, qui est sur le bord opposé à la Galilée.
27Et lorsque Jésus fut descendu à terre, il vint au-devant de lui un homme qui depuis longtemps était possédé du démon, et qui ne portait point d’habit, ni ne demeurait point dans les maisons, mais dans les sépulcres.
28Aussitôt qu’il eut aperçu Jésus, il vint se prosterner à ses pieds ; et jetant un grand cri, il lui dit à haute voix : Jésus, Fils du Dieu très-haut ! qu’y a-t il entre vous et moi ? Je vous conjure de ne me point tourmenter.
29Car il commandait à l’esprit impur de sortir de cet homme, parce qu’il l’agitait avec violence depuis longtemps, en sorte que, quoiqu’on le gardât lié de chaînes, et les fers aux pieds, il rompait tous ses liens, et était poussé par le démon dans les déserts.
30Jésus lui demanda : Quel est ton nom ? Il lui dit, Je m’appelle Légion : parce que plusieurs démons étaient entrés dans cet homme.
31Et ces démons le suppliaient qu’il ne leur commandât point de s’en aller dans l’abîme.
32Mais comme il y avait là un grand troupeau de pourceaux qui paissaient sur la montagne, ils le suppliaient de leur permettre d’y entrer : ce qu’il leur permit.
33Les démons étant donc sortis de cet homme, entrèrent dans les pourceaux ; et aussitôt le troupeau courut avec violence se précipiter dans le lac, où ils se noyèrent.
34Ceux qui les gardaient, ayant vu ce qui était arrivé, s’enfuirent, et s’en allèrent le dire à la ville et dans les villages ;
35d’où plusieurs sortirent pour voir ce qui était arrivé ; et étant venus à Jésus, ils trouvèrent cet homme duquel les démons étaient sortis, assis à ses pieds, habillé et en son bon sens : ce qui les remplit de crainte.
36Et ceux qui avaient vu ce qui s’était passé, leur racontèrent comment le possédé avait été délivré de la légion de démons.
37Alors tous les peuples du pays des Géraséniens le prièrent de s’éloigner d’eux, parce qu’ils étaient saisis d’une grande frayeur. Il monta donc dans la barque pour s’en retourner.
38Et cet homme duquel les démons étaient sortis, le suppliait qu’il lui permît d’aller avec lui ; mais Jésus le renvoya, en lui disant :
39Retournez en votre maison, et racontez les grandes choses que Dieu a faites en votre faveur. Et il s’en alla par toute la ville, publiant les grâces que Jésus lui avait faites.
40Jésus étant revenu, le peuple le reçut avec joie ; parce qu’il était attendu de tous.
41Alors il vint à lui un homme, appelé Jaïre, qui était un chef de synagogue ; et se prosternant aux pieds de Jésus, il le suppliait de venir en sa maison,
42parce qu’il avait une fille unique, âgée d’environ douze ans, qui se mourait. Et comme Jésus y allait, et qu’il était pressé par la foule du peuple,
43une femme qui était malade d’une perte de sang depuis douze ans, et qui avait dépensé tout son bien à se faire traiter par les médecins, sans qu’aucun d’eux eût pu la guérir,
44s’approcha de lui par derrière, et toucha la frange de son vêtement : au même instant sa perte de sang s’arrêta.
45Et Jésus dit : Qui est-ce qui m’a touché ? Mais tous assurant que ce n’était pas eux, Pierre et ceux qui étaient avec lui, lui dirent : Maître ! la foule du peuple vous presse et vous accable, et vous demandez qui vous a touché !
46Mais Jésus dit : Quelqu’un m’a touché : car j’ai reconnu qu’une vertu est sortie de moi.
47Cette femme se voyant ainsi découverte, s’en vint toute tremblante, se jeta à ses pieds, et déclara devant tout le peuple ce qui l’avait portée à le toucher, et comment elle avait été guérie à l’instant.
48Et Jésus lui dit : Ma fille, votre foi vous a guérie ; allez en paix.
49Comme il parlait encore, quelqu’un vint dire au chef de synagogue : Votre fille est morte : ne donnez point davantage de peine au Maître.
50Mais Jésus ayant entendu cette parole, dit au père de la fille : Ne craignez point ; croyez seulement, et elle vivra.
51Étant arrivé au logis, il ne laissa entrer personne, que Pierre, Jacques et Jean, avec le père et la mère de la fille.
52Et comme tous ceux de la maison la pleuraient, en se frappant la poitrine, il leur dit : Ne pleurez point ; cette fille n’est pas morte, mais seulement endormie.
53Et ils se moquaient de lui, sachant bien qu’elle était morte.
54Jésus donc la prenant par la main, lui cria : Ma fille, levez-vous.
55Et son âme étant retournée dans son corps, elle se leva à l’instant ; et il commanda qu’on lui donnât à manger.
56Alors son père et sa mère furent remplis d’étonnement ; et il leur commanda de ne dire à personne ce qui était arrivé.