La sainte Bible

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Traduction par Louis-Issac Lemaistre de Saci, édition de 1855, libre de droits.

n°18 / Job. 9 :

1JOB répondit à Baldad :
2Je sais assurément que cela est ainsi, et que l’homme, si on le compare avec Dieu, ne sera point juste.
3S’il veut disputer contre Dieu, il ne pourra lui répondre sur une seule chose de mille que Dieu pourra lui objecter.
4Dieu est sage et tout-puissant : qui lui a résisté, et est demeuré en paix ?
5C’est lui qui transporte les montagnes, et ceux mêmes qu’il renverse avec elles dans sa fureur ne s’en aperçoivent pas.
6C’est lui qui remue la terre de sa place, et qui fait que les colonnes sont ébranlées.
7C’est lui qui commande au soleil, et le soleil ne se lève point ; et qui tient les étoiles enfermées comme sous le sceau.
8C’est lui qui a formé seul la vaste étendue des cieux, et qui marche sur les flots de la mer.
9C’est lui qui a créé les étoiles de l’Ourse, de l’Orion, des Hyades, et celles qui sont plus proches du Midi.
10C’est lui qui fait des choses grandes et incompréhensibles, des choses miraculeuses qui sont sans nombre.
11S’il vient à moi, je ne le verrai point ; et s’il s’en va, je ne m’en apercevrai point.
12S’il interroge tout d’un coup, qui osera lui répondre ? ou qui pourra lui dire : Pourquoi faites-vous ainsi ?
13C’est un Dieu à la colère duquel nul ne peut résister ; et ceux mêmes qui gouvernent le monde fléchissent sous lui.
14Qui suis-je donc moi pour lui répondre, et pour oser lui parler ?
15Quand il y aurait en moi quelque trace de justice, je ne répondrais point, mais je conjurerais mon juge de me pardonner.
16Et lors même qu’il aurait exaucé ma prière, je ne croirais pas qu’il eût daigné entendre ma voix.
17Car il me brisera quand il lui plaira, comme d’un coup de foudre, et il multipliera mes plaies sans que j’en sache même la raison.
18Il ne me laisse pas seulement respirer, et il me remplit d’amertume.
19Si l’on implore quelque puissance, il est tout-puissant ; si l’on en appelle à la justice d’un juge, il n’y a personne qui osât rendre témoignage en ma faveur.
20Si j’entreprends de me justifier, ma propre bouche me condamnera ; si je veux montrer que je suis innocent, il me convaincra d’être coupable.
21Quand je serais juste et simple, cela même me serait caché, et ma vie me serait à charge à moi-même.
22Tout ce que j’ai dit se réduit à ce principe : Dieu afflige le juste aussi bien que l’impie.
23S’il frappe de plaies, qu’il me tue tout d’un coup, et qu’il ne se rie pas des peines des innocents.
24La terre est souvent livrée entre les mains de l’impie ; et alors il couvre d’un voile les yeux des juges : si ce n’est pas lui, qui est-ce donc ?
25Les jours de ma vie ont passé plus vite qu’un courrier : ils se sont évanouis sans que j’y aie goûté aucune douceur.
26Ils ont passe avec la même vitesse que des vaisseaux qui portent du fruit, et qu’un aigle qui fond sur sa proie.
27Lorsque je dis en moi-même, Je ne parlerai plus pour me plaindre ; je sens que mon visage se change aussitôt, et que la douleur me déchire.
28Je tremblais à chaque action que je faisais, sachant que vous ne pardonnez pas à celui qui pèche.
29Si après cela je passe pour un méchant, pourquoi aurais-je travaillé en vain ?
30Quand j’aurais été lavé dans de l’eau de neige, et que la pureté de mes mains éclaterait ;
31votre lumière, Seigneur ! me ferait paraître à moi-même tout couvert d’ordure, et mes vêtements m’auraient en horreur.
32Car je n’aurai pas à répondre à un homme semblable à moi, ni à contester avec lui comme avec mon égal.
33Il n’y a personne qui puisse reprendre les deux parties, ni mettre sa main entre les deux.
34Qu’il retire donc sa verge de dessus moi, et que sa terreur ne m’épouvante pas.
35Je parlerai alors sans l’appréhender : car dans la crainte où je suis, je ne puis répondre.