La sainte Bible

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Traduction par Louis-Issac Lemaistre de Saci, édition de 1855, libre de droits.

n°18 / Job. 6 :

1JOB répondit en ces termes :
2Plût à Dieu que les péchés par lesquels j’ai mérité la colère de Dieu, et les maux que je souffre, fussent mis les uns avec les autres dans une balance !
3Ceux-ci surpasseraient les autres de toute la pesanteur du sable de la mer ; c’est pourquoi mes paroles sont pleines de douleur.
4Car je sens que le Seigneur m’a mis en butte à ses flèches : l’indignation qu’il répand sur moi épuise mes esprits, et les terreurs qu’il me donne m’assiègent et combattent contre moi.
5L’âne sauvage crie-t-il lorsqu’il a de l’herbe ? ou le boeuf mugit-il lorsqu’il est devant une auge pleine de fourrage ?
6Peut-on manger d’une viande fade, qui n’est point assaisonnée avec le sel ? ou quelqu’un peut-il goûter ce qui fait mourir celui qui en goûte ?
7Ce que mon âme refusait auparavant de toucher, m’est offert maintenant pour me servir de nourriture.
8Plaise au Seigneur que ce que je demande soit accompli, et qu’il m’accorde ce que j’attends ;
9qu’après avoir commencé, il achève de me réduire en poudre ; qu’il laisse aller sa main pour me couper jusqu’à la racine ;
10et que dans ces douleurs extrêmes dont il m’accablera sans m’épargner, il me reste au moins cette consolation, que je ne contredise jamais en rien aux ordonnances de celui qui est souverainement saint !
11Car quelle est ma force, pour pouvoir subsister dans ces maux ? ou quelle sera ma fin, pour me conserver dans la patience ?
12Ma force n’est point la force des pierres, et ma chair n’est pas de bronze.
13Je ne trouve en moi aucun secours, et mes propres amis m’ont abandonné.
14Celui qui voyant souffrir son ami n’en a point de compassion, abandonne la crainte du Seigneur.
15Mes propres frères ont passé devant moi, comme un torrent qui s’écoule avec rapidité dans les vallées.
16Ceux qui craignent la gelée, seront accablés par la neige.
17Ils périront au temps qu’ils commenceront à s’écouler ; dès que la chaleur viendra, ils tomberont du lieu où ils étaient, comme une eau qui se fond et s’écoule.
18Ils vont par des sentiers embarrassés, ils marchent sur le vide, et ils périront.
19Considérez les sentiers de Théma, les chemins de Saba, et attendez un peu.
20Ils sont confus, parce que j’ai toujours espéré ; ils sont venus jusqu’à moi, et ils ont été couverts de confusion.
21Vous ne faites que de venir, et aussitôt que vous voyez la plaie dont j’ai été frappé, vous en avez de l’horreur.
22Vous ai-je dit : Apportez-moi quelque chose, ou donnez-moi de votre bien ;
23ou, Délivrez-moi de la main de celui qui m’afflige, et tirez-moi de la puissance des forts ?
24Instruisez-moi, et je me tairai ; et si j’ai fait quelque faute par ignorance, faites-le-moi connaître.
25Pourquoi formez-vous des médisances contre des paroles de vérité, puisque nul d’entre vous ne peut me reprendre avec justice ?
26Vous n’étudiez dans vos discours qu’à trouver des moyens d’accuser les autres, et vous ne faites que parler en l’air.
27Vous vous jetez sur un homme abandonné comme un orphelin, et vous vous efforcez d’accabler votre ami.
28Mais achevez ce que vous avez commencé ; prêtez l’oreille, et voyez si je mens.
29Répondez, je vous prie, sans contention ; et en parlant, jugez des choses selon la justice.
30Alors vous ne trouverez point d’iniquité sur ma langue, ni de folie dans ma bouche.