La sainte Bible

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Traduction par Louis-Issac Lemaistre de Saci, édition de 1855, libre de droits.

n°18 / Job. 29 :

1JOB prenant encore la parole, continua son discours, et dit :
2Qui m’accordera d’être encore comme j’ai été autrefois, dans ces jours heureux où Dieu prenait lui-même soin de me garder ;
3lorsque sa lampe luisait sur ma tête, et que dans les ténèbres je marchais à la lueur de sa lumière :
4comme j’étais aux jours de ma jeunesse, lorsque Dieu habitait en secret dans ma maison,
5lorsque le Tout-Puissant était avec moi, et toute ma famille autour de moi ;
6lorsque je lavais mes pieds dans le beurre, et que la pierre répandait pour moi des ruisseaux d’huile ;
7lorsque j’allais prendre ma place à la porte de la ville, et que l’on me préparait un siège élevé dans la place publique ?
8Les jeunes gens me voyant se retiraient par respect, et les vieillards se levant se tenaient debout ;
9les princes cessaient de parler, ils mettaient le doigt sur leur bouche ;
10les grands s’imposaient silence, et leur langue demeurait comme attachée à leur palais.
11L’oreille qui m’écoutait me publiait bienheureux, et l’oeil qui me voyait me rendait témoignage, en publiant
12que j’avais délivre le pauvre qui criait, et l’orphelin qui n’avait personne pour le secourir.
13Celui qui était près de périr me comblait de benédictions, et je remplissais de consolation le coeur de la veuve.
14Je me suis revêtu de la justice ; et l’équité que j’ai gardée dans mes jugements, m’a servi comme d’un vêtement royal et d’un diadème.
15J’ai été l’oeil de l’aveugle, et le pied du boiteux.
16J’étais le père des pauvres, et je m’instruisais avec un extrême soin des affaires que je ne savais pas.
17Je brisais les mâchoires de l’injuste, et je lui arrachais sa proie d’entre les dents.
18Je disais : Je mourrai dans le petit nid que je me suis fait, et je multiplierai mes jours comme le palmier.
19Je suis comme un arbre dont la racine s’étend le long des eaux, et la rosée se reposera sur mes branches.
20Ma gloire se renouvellera de jour en jour, et mon arc se fortifiera dans ma main.
21Ceux qui m’écoutaient, attendaient que j’eusse parlé, et ils recevaient mon avis avec un silence plein de respect.
22Ils n’osaient rien ajouter à mes paroles, et elles tombaient sur eux comme les gouttes de la rosée.
23Ils me souhaitaient comme la campagne sèche attend l’eau du ciel, et leur bouche s’ouvrait pour m’entendre, comme la terre s’ouvre aux pluies de l’arrière-saison.
24Si je riais quelquefois avec eux, ils ne pouvaient pas le croire, et la lumière de mon visage ne tombait point à terre.
25Si je voulais aller parmi eux, je prenais ma place au-dessus de tous ; et lorsque j’étais assis comme un roi au milieu des gardes qui m’environnaient, je ne laissais pas d’être le consolateur des affligés.