La sainte Bible

De à
Préférences d'affichage Affichage des versets par :

Style d'écriture : Taille du texte :
Couleurs :


Traduction par Louis-Issac Lemaistre de Saci, édition de 1855, libre de droits.

n°18 / Job. 19 :

1LORS Job répondit à Baldad, et lui dit :
2Jusqu’à quand affligerez-vous mon âme, et me tourmenterez-vous par vos discours ?
3Voilà déjà dix fois que vous voulez me confondre, et que vous ne rougissez point de m’accabler.
4Quand Je serais dans l’ignorance, mon ignorance ne regarde que moi seul.
5Mais vous vous élevez contre moi, et vous prétendez que l’état humiliant où je suis réduit, est une preuve que je suis coupable.
6Comprenez au moins maintenant que ce n’est point par un jugement de justice que Dieu m’a affligé, et m’a frappé de ses plaies.
7Si je crie dans la violence que je souffre, on ne m’écoutera point ; si j’élève ma voix, on ne me rendra point justice.
8Le Seigneur a fermé de toutes parts le sentier que je suivais, et je ne puis plus passer ; et il a répandu des ténèbres dans le chemin étroit par où je marchais.
9Il m’a dépouillé de ma gloire, et il m’a ôté la couronne de dessus la tête.
10Il m’a détruit de tous côtés, et je péris ; il m’a ôté toute espérance, comme à un arbre qui est arraché.
11Sa fureur s’est allumée contre moi, et il m’a traite comme son ennemi.
12Il est venu accompagné de ses soldats ; ils m’ont foulé aux pieds, et ils ont assiégé ma tente de toutes parts.
13Il a écarté mes frères loin de moi, et mes amis m’ont fui comme ceux qui m’étaient les plus étrangers.
14Mes proches m’ont abandonné, et ceux qui me connaissaient plus particulièrement m’ont oublié.
15Mes domestiques et mes servantes m’ont regardé comme un inconnu, et je leur ai paru comme un étranger.
16J’ai appelé mon serviteur, et il ne m’a point répondu, lors même que je le priais en lui parlant de ma propre bouche.
17Ma femme a eu horreur de mon haleine, et j’usais de prières envers les enfants qui sont sortis de moi.
18Les insensés mêmes me méprisaient, et je ne les avais pas plutôt quittés, qu’ils médisaient de moi.
19Ceux du conseil desquels je me servais autrefois m’ont eu en exécration, et celui que j’aimais le plus, s’est déclaré mon ennemi.
20Mes chairs ont été réduites à rien, mes os se sont collés à ma peau, et il ne me reste que les lèvres autour des dents.
21Ayez pitié de moi, vous au moins ! qui êtes mes amis, ayez pitié de moi : car la main du Seigneur m’a frappé.
22Pourquoi me persécutez-vous comme Dieu, et vous plaisez-vous à vous rassasier de ma chair ?
23Qui m’accordera que mes paroles soient écrites ? Qui me donnera qu’elles soient tracées dans un livre ;
24qu’elles soient gravées sur une lame de plomb avec une plume de fer, ou sur la pierre avec le ciseau ?
25Car je sais que mon Rédempteur est vivant, et que je ressusciterai de la terre au dernier jour,
26que je serai encore revêtu de ma peau, et que je verrai mon Dieu dans ma chair ;
27que je le verrai, dis-je, moi-même et non un autre, et que je le contemplerai de mes propres yeux. C’est là l’espérance que j’ai, et qui reposera toujours dans mon coeur.
28Pourquoi donc dites-vous : Persécutons-le, et cherchons en lui des prétextes pour le décrier ?
29Fuyez donc de devant l’épée qui vous menace, parce qu’il y a une épée vengeresse de l’iniquité ; et vous devez savoir qu’il y a un juge au-dessus des hommes.