La sainte Bible

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Traduction par Louis-Issac Lemaistre de Saci, édition de 1855, libre de droits.

n°11 / Rois. Livre troisième. 3 :

1LE règne de Salomon s’étant ainsi affermi, il s’allia avec Pharaon, roi d’Egypte : car il épousa sa fille, qu’il amena dans la ville de David, jusqu’à ce qu’il eût achevé de bâtir sa maison, la maison du Seigneur, et les murs qu’il faisait faire tout autour de Jérusalem.
2Cependant le peuple immolait toujours dans les hauts lieux, parce que jusqu’alors on n’avait point encore bâti de temple au nom du Seigneur.
3Or Salomon aima le Seigneur, et se conduisit selon les préceptes de David, son père, excepté qu’il sacrifiait et qu’il brûlait de l’encens dans les hauts lieux.
4Il s’en alla donc à Gabaon pour y sacrifier, parce que c’était là le plus considérable de tous les hauts lieux ; et il offrit mille hosties en holocauste sur l’autel qui était à Gabaon.
5Or le Seigneur apparut à Salomon en songe pendant la nuit, et lui dit : Demandez-moi ce que vous voulez que je vous donne.
6Salomon lui répondit : Vous avez usé d’une grande miséricorde envers David, mon père, votre serviteur, selon qu’il a marché devant vous dans la vérité et dans la justice, et que son coeur a été droit à vos yeux : vous lui avez conservé votre grande miséricorde, et vous lui avez donné un fils qui est assis sur son trône, comme il paraît aujourd’hui.
7Maintenant donc, ô Seigneur, mon Dieu ! vous m’avez fait régner, moi qui suis votre serviteur, en la place de David, mon père ; mais je ne suis encore qu’un jeune enfant qui ne sait de quelle manière il doit se conduire.
8Et votre serviteur se trouve au milieu de votre peuple que vous avez choisi, d’un peuple infini qui est innombrable à cause de sa multitude.
9Je vous supplie donc de donner à votre serviteur un coeur docile, afin qu’il puisse juger votre peuple, et discerner entre le bien et le mal : car qui pourra rendre la justice à votre peuple, à ce peuple qui est si nombreux ?
10Le Seigneur agréa donc que Salomon lui eût fait cette demande.
11Et il dit à Salomon : Parce que vous m’avez fait cette demande, et que vous n’avez point désiré que je vous donnasse un grand nombre d’années, ou de grandes richesses, ou la vie de vos ennemis : mais que vous m’avez demandé la sagesse pour discerner ce qui est juste,
12j’ai déjà fait ce que vous m’avez demandé, et je vous ai donné un coeur si plein de sagesse et d’intelligence, qu’il n’y a jamais eu d’homme avant vous qui vous ait égalé, et qu’il n’y en aura point après vous qui vous égale.
13Mais je vous ai même donné de plus ce que vous ne m’avez point demandé, savoir, les richesses et la gloire.de sorte qu’aucun roi ne vous aura jamais égalé en ce point dans tous les siècles passés.
14Si vous marchez dans mes voies, et que vous gardiez mes préceptes et mes ordonnances, comme votre père les a gardées, je vous donnerai encore une longue vie.
15Salomon s’étant éveillé, fit réflexion au songe qu’il avait eu : et étant venu à Jérusalem, il se présenta devant l’arche de l’alliance du Seigneur, offrit des holocaustes et des victimes pacifiques, et fit à tous ses serviteurs un grand festin.
16Alors deux femmes de mauvaise vie vinrent trouver le roi, et se présentèrent devant lui,
17dont l’une lui dit : Je vous prie, mon seigneur, faites-moi justice. Nous demeurions, cette femme et moi, dans une maison, et je suis accouchée dans la même chambre où elle était.
18Elle est accouchée aussi trois jours après moi : nous étions ensemble, et il n’y avait qui que ce soit dans cette maison, que nous deux.
19Le fils de cette femme est mort pendant la nuit, parce qu’elle l’a étouffe en dormant ;
20et se levant dans le silence d’une nuit profonde, pendant que je dormais, moi qui suis votre servante, elle m’a ôté mon fils que j’avais à mon côté ; et l’ayant pris auprès d’elle, elle a mis auprès de moi son fils qui était mort.
21M’étant levée le matin pour donner à têter à mon fils, il m’a paru qu’il était mort ; et le considérant avec plus d’attention au grand jour, j’ai reconnu que ce n’était point le mien que j’avais enfanté.
22L’autre femme lui répondit : Ce que vous dites n’est point vrai ; mais c’est votre fils qui est mort, et le mien est vivant. La première au contraire répliquait : Vous mentez ; car c’est mon fils qui est vivant, et le vôtre est mort. Et elles disputaient ainsi devant le roi.
23Alors le roi dit : Celle-ci dit : Mon fils est vivant, et le vôtre est mort. Et l’autre répond : Non ; mais c’est votre fils qui est mort, et le mien est vivant.
21Le roi ajouta : Apportez-moi une épée. Lorsqu’on eut apporté une épée devant le roi,
25il dit à ses gardes : Coupez en deux cet enfant qui est vivant, et donnez-en la moitié à l’une, et la moitié à l’autre.
26Alors la femme dont le fils était vivant, dit au roi (car ses entrailles furent émues de tendresse pour son fils) : Seigneur, donnez-lui, je vous supplie, l’enfant vivant, et ne le tuez point. L’autre disait au contraire : Qu’il ne soit ni à moi, ni à vous ; mais qu’on le divise.
27Alors le roi prononça cette sentence : Donnez à celle-ci l’enfant vivant, et qu’on ne le tue point : car c’est elle qui est sa mère.
28Tout Israël ayant donc su la manière dont le roi avait jugé cette affaire, ils eurent tous de la crainte et du respect pour lui, voyant que la sagesse de Dieu était en lui pour rendre justice.