La sainte Bible

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Traduction par Louis-Issac Lemaistre de Saci, édition de 1855, libre de droits.

n°11 / Rois. Livre troisième. 20 :

1OR Benadad, roi de Syrie, ayant assemblé toute son armée, sa cavalerie et ses chariots, et trente-deux rois avec lui, vint pour attaquer Samarie, et il l’assiégea.
2En même temps il envoya dans la ville des ambassadeurs à Achab, roi d’Israël,
3pour lui dire : Voici ce que dit Benadad : Votre argent et votre or est à moi ; vos femmes et vos enfants les mieux faits sont à moi.
4Le roi d’Israël lui répondit : O roi, mon seigneur ! je suis à vous comme vous le dites, et tout ce que j’ai est à vous.
5Les ambassadeurs revenant encore vers Achab, lui dirent : Voici ce que dit Benadad qui nous avait envoyés vers vous : Vous me donnerez votre argent, votre or, vos femmes et vos fils.
6Demain donc à la même heure j’enverrai mes serviteurs vers vous, ils visiteront votre maison, et la maison de vos serviteurs, et ils prendront tout ce qui leur plaira, et l’emporteront.
7Alors le roi d’Israël fit venir tous les anciens de son peuple, et leur dit : Considérez et voyez qu’il nous tend un piège. Car il m’a déjà envoyé pour mes femmes, pour mes fils, pour mon argent et mon or, et je ne lui ai rien refusé.
8Tous les anciens et tout le peuple lui répondirent : Ne l’écoutez point, et ne vous rendez point à ce qu’il désire.
9Achab répondit donc aux ambassadeurs de Benadad : Dites au roi, mon seigneur : Je ferai toutes les choses que vous m’avez fait demander, comme étant votre serviteur, mais pour cette dernière chose je ne puis la faire.
10Les ambassadeurs étant revenus, firent leur rapport à Benadad, qui les renvoya encore, et fit dire à Achab : Que les dieux me traitent dans toute leur sévérité, si toute la poussière de Samarie suffit pour remplir seulement le creux de la main de tous les gens qui me suivent.
11Le roi d’Israël leur répondit : Dites à votre maître : Ce n’est pas lorsqu’on prend les armes qu’on doit se vanter, c’est quand on les quitte.
12Benadad reçut cette réponse lorsqu’il buvait dans sa tente avec les autres rois ; et il dit aussitôt à ses gens : Qu’on aille investir la ville. Et ils l’investirent.
13En même temps un prophète vint trouver Achab, roi d’Israël, et lui dit : Voici ce que dit le Seigneur : Vous avez vu toute cette multitude innombrable ; je vous déclare que je vous la livrerai aujourd’hui entre les mains, afin que vous sachiez que c’est moi qui suis le Seigneur.
14Achab lui demanda : Par qui ? Il lui répondit : Voici ce que dit le Seigneur : Ce sera par les valets de pied des princes des provinces. Achab ajouta : Qui commencera le combat ? Ce sera vous, dit le prophète.
15Achab fit donc la revue des valets de pied des princes des provinces, et il en trouva deux cent trente-deux. Il fit ensuite la revue du peuple, de tous les enfants d’Israël, et il en trouva sept mille.
16Ils sortirent de la ville sur le midi. Cependant Benadad était dans sa tente, qui buvait et qui était ivre ; et les trente-deux rois qui étaient venus à son secours, buvaient aussi avec lui.
17Les valets de pied des princes des provinces marchaient à la tête de l’armée. Benadad ayant envoyé pour les reconnaître, on vint lui dire : Ce sont des gens qui sont sortis de Samarie.
18Il dit à ceux qui lui parlaient : Soit qu’ils viennent pour traiter de la paix, soit qu’ils viennent pour combattre, prenez-les tout vifs.
19Les valets de pied des princes des provinces s’avancèrent donc, et le reste de l’armée après eux ;
20et chacun d’eux tua ceux qui se présentèrent devant lui : et aussitôt les Syriens s’enfuirent, et l’armée d’Israël les poursuivit. Benadad, roi de Syrie, s’enfuit aussi à cheval avec les cavaliers qui l’accompagnaient.
21Et le roi d’Israël étant sorti de Samarie, tua les chevaux, renversa les chariots, et frappa la Syrie d’une grande plaie.
22Alors un prophète vint trouver le roi d’Israël, et lui dit : Allez, fortifiez-vous, et considérez bien ce que vous avez à faire : car le roi de Syrie viendra encore l’année suivante pour vous combattre.
23Mais les serviteurs du roi de Syrie lui dirent : Leurs dieux sont les dieux des montagnes, et c’est pour cela qu’ils nous ont vaincus : il faut que nous combattions contre eux en pleine campagne, et nous les vaincrons.
24Voici donc ce que vous avez à faire : Faites retirer tous les rois de votre armée, et mettez en leur place vos principaux officiers ;
25rétablissez vos troupes, en y remettant autant de soldats qu’il en a été tué, autant de chevaux qu’il y en avait dans votre armée, et autant de chariots que vous en avez eu auparavant, et nous combattrons contre eux en pleine campagne, et vous verrez que nous les battrons. Il crut le conseil qu’ils lui donnèrent, et il fit ce qu’ils lui avaient dit.
26Un an après, Benadad fit la revue des Syriens, et vint à Aphec pour combattre contre Israël.
27Lés enfants d’Israël firent aussi la revue de leurs troupes ; et ayant pris des vivres, ils marchèrent contre les Syriens, et campèrent vis-à-vis d’eux. Ils ne paraissaient que comme deux petits troupeaux de chèvres, au lieu que les Syriens couvraient toute la terre.
28Alors un homme de Dieu vint trouver le roi d’Israël, et lui dit : Voici ce que dit le Seigneur : Parce que les Syriens ont dit : Le Seigneur est le Dieu des montagnes, mais il n’est pas le Dieu des vallées ; je vous livrerai toute cette grande multitude, et vous saurez que c’est moi qui suis le Seigneur.
29Les deux armées furent rangées en bataille l’une devant l’autre pendant sept jours. Le septième jour la bataille se donna ; et les enfants d’Israël tuèrent en un jour cent mille hommes de pied des Syriens.
30Ceux qui échappèrent s’enfuirent dans la ville d’Aphec, et une muraille tomba sur vingt-sept mille hommes qui étaient restés. Benadad s’enfuyant entra dans la ville, et se retira dans le lieu le plus secret d’une chambre.
31Alors ses serviteurs lui dirent : Nous avons entendu dire que les rois de la maison d’Israël sont doux et cléments. Mettons donc des sacs sur nos reins et des cordes à notre cou, et allons trouver le roi d’Israël : peut-être qu’il nous donnera la vie.
32Ainsi ils se mirent des sacs sur les reins et la corde au cou, et vinrent trouver le roi d’Israël, et lui dirent : Benadad, votre serviteur, vous envoie faire cette supplication : Accordez-moi la vie. Il leur répondit : S’il est encore en vie, c’est mon frère.
33Les Syriens tirèrent de là un bon présage, et prenant aussitôt ce mot de sa bouche, ils lui dirent : Votre frère Benadad vous fait cette prière. Il leur répondit : Allez et amenez-le-moi. Benadad vint donc se présenter à Achab, qui le fit monter sur son chariot.
34Et Benadad lui dit : Je vous rendrai les villes que mon père a prises sur votre père ; et faites-vous des places publiques dans Damas, comme mon père en avait fait pour lui dans Samarie. Et quand nous aurons fait cette alliance entre nous, je me retirerai. Achab fit donc cette alliance avec lui, et le laissa aller.
35Alors un des enfants des prophètes dit de la part du Seigneur à un de ses compagnons : Frappez-moi. Et comme il ne voulut pas le frapper,
36il lui dit : Parce que vous n’avez pas voulu écouter la voix du Seigneur en me frappant, aussitôt que vous m’aurez quitté, un lion vous tuera. Lorsqu’il fut un peu éloigné de lui, un lion le trouva et le tua.
37Ayant rencontré un autre homme, il lui dit : Frappez-moi. Cet homme le frappa, et le blessa.
38Le prophète s’en allant donc, vint au-devant du roi qui était en chemin, et il se rendit méconnaissable, en mettant de la poussière sur son visage et sur ses yeux ;
39et lorsque le roi fut passé, il cria après lui, et lui dit : Votre serviteur s’était avancé pour combattre les ennemis de près, et l’un d’eux s’en étant fui, quelqu’un me l’a amené, et m’a dit : Gardez-moi bien cet homme-là ; et s’il s’échappe, votre vie répondra de la sienne, ou vous payerez un talent d’argent.
40Et comme, étant troublé, je me tournais de côté et d’autre, cet homme est disparu tout d’un coup. Le roi d’Israël lui dit : Vous avez vous-même prononcé votre arrêt.
41Aussitôt il essuya la poussière de dessus son visage ; et le roi d’Israël reconnut qu’il était du nombre des prophètes.
42Il dit au roi : Voici ce que dit le Seigneur : Parce que vous avez laissé échapper de vos mains un homme digne de mort, votre vie répondra pour la sienne, et votre peuple pour son peuple.
43Mais le roi d’Israël retourna en sa maison, ne faisant pas de cas de ce que ce prophète lui avait dit : et il entra plein de fureur dans Samarie.