La sainte Bible

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Traduction par Louis-Issac Lemaistre de Saci, édition de 1855, libre de droits.

n°9 / Rois. Livre premier. 1 :

1IL y avait dans les montagnes d’Ephraïm un homme de la ville de Ramatha surnommée Sophim, qui s’appelait Elcana : il était le fils de Jéroham, fils d’Esliu, fils de Tohu, fils de Suph, et était établi dans la tribu d’Ephraïm.
2Il avait deux femmes, dont l’une s’appelait Anne, et la seconde Phénenna. Phénenna avait des enfants, et Anne n’en avait point.
3Cet homme allait de sa ville à Silo aux jours solennels, pour y adorer le Seigneur des armées et pour lui offrir des sacrifices. Les deux fils d’Héli, Ophni et Phinéès, y faisaient la fonction de prêtres du Seigneur.
4Un jour donc Elcana ayant offert son sacrifice, il donna à Phénenna, sa femme, et à tous ses fils et à toutes ses filles, leur part de l’hostie.
5Il n’en donna qu’une à Anne, et en la lui donnant il était triste, parce qu’il l’aimait, et que le Seigneur l’avait rendue stérile.
6Phénenna, sa rivale, l’affligeait aussi et la tourmentait excessivement, jusqu’à lui insulter de ce que le Seigneur l’avait rendue stérile.
7Elle en usait ainsi tous les ans, lorsque le temps était venu de monter au temple du Seigneur ; elle la piquait ainsi de jalousie, et Anne se mettait à pleurer, et ne mangeait point.
8Elcana, son mari, lui dit donc : Anne, pourquoi pleurez-vous ? pourquoi ne mangez-vous point ? et pourquoi votre coeur s’afflige-t-il ? Ne vous suis-je pas plus que ne vous seraient dix enfants ?
9Après donc qu’Anne eut mangé et bu à Silo, elle se leva : et dans le même temps que le grand prêtre Héli était assis sur son siège devant la porte du temple du Seigneur,
10Anne qui avait le coeur plein d’amertume, pria le Seigneur en répandant beaucoup de larmes,
11et elle fit un voeu en ces termes : Seigneur des armées ! si vous daignez regarder l’affliction de votre servante, si vous vous souvenez de moi, si vous n’oubliez point votre servante, et si vous donnez à votre esclave un enfant mâle, je vous le donnerai pour tous les jours de sa vie, et le rasoir ne passera point sur sa tête.
12Comme Anne demeurait ainsi longtemps en prière devant le Seigneur, Héli observa le mouvement de ses lèvres.
13Or Anne parlait dans son coeur, et l’on voyait seulement remuer ses lèvres, sans qu’on entendît aucune parole. Héli crut donc qu’elle avait bu avec excès ;
14et il lui dit : Jusqu’à quand serez-vous ainsi ivre ? Laissez un peu reposer le vin qui vous trouble.
15Anne lui répondit : Pardonnez-moi, mon seigneur, je suis une femme comblée d’affliction : je n’ai bu ni vin, ni rien qui puisse enivrer ; mais j’ai répandu mon âme en la présence du Seigneur.
16Ne croyez pas que votre servante soit comme l’une des filles de Bélial : car il n’y a que l’excès de ma douleur et de mon affliction qui m’ait fait parler jusqu’à cette heure.
17Alors Héli lui dit : Allez en paix ; et que le Dieu d’Israël vous accorde la demande que vous lui avez faite.
18Anne lui répondit : Plût à Dieu que votre servante trouvât grâce devant vos yeux ! Elle s’en alla ensuite retrouver son mari, elle mangea, et elle ne changea plus de visage comme auparavant.
19S’étant levés dès le matin, ils adorèrent le Seigneur, s’en retournèrent et arrivèrent à leur maison à Ramatha. Elcana connut sa femme, et le Seigneur se souvint d’elle.
20Quelque temps après, elle conçut, et enfanta un fils, qu’elle appela Samuel, c’est-à-dire, qui est accordé de Dieu, parce qu’elle l’avait demandé au Seigneur.
21Elcana, son mari, vint ensuite avec toute sa maison, pour immoler au Seigneur l’hostie ordinaire, et pour lui rendre son voeu.
22Mais Anne n’y alla point, ayant dit à son mari : Je n’irai point au temple jusqu’à ce que l’enfant soit sevré, et que je le mène, afin que je le présente au Seigneur, et qu’il demeure toujours devant lui.
23Elcana, son mari, lui dit : Faites comme vous le jugerez à propos ; et demeurez jusqu’à ce que vous ayez sevré l’enfant. Je prie le Seigneur qu’il accomplisse sa parole. Anne demeura donc, et elle nourrit son fils de son lait, jusqu’à ce qu’elle l’eût sevré.
24Et lorsqu’elle l’eut sevré, elle prit avec elle trois veaux, trois boisseaux de farine, et un vaisseau plein de vin, et elle amena son fils à Silo, en la maison du Seigneur. Or l’enfant était encore tout petit.
25Ils le présentèrent à Héli, après avoir immolé un veau.
26Et Anne lui dit : Je vous conjure, mon seigneur, de croire comme il est vrai que vous vivez, que je suis cette femme que vous avez vue ici prier le Seigneur.
27Je le suppliais de me donner cet enfant, et le Seigneur m’a accordé la demande que je lui ai faite.
28C’est pourquoi je le lui remets entre les mains, afin qu’il soit à lui tant qu’il vivra. Ils adorèrent donc le Seigneur en ce lieu, et Anne fit sa prière, en ces termes :