La sainte Bible

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Traduction par Louis-Issac Lemaistre de Saci, édition de 1855, libre de droits.

n°21 / Ecclésiaste. 6 :

1IL y a encore un autre mal que j’ai vu sous le soleil, et qui est ordinaire parmi les hommes :
2Un homme à qui Dieu a donné des richesses, du bien, de l’honneur, et à qui il ne manque rien pour la vie de tout ce qu’il peut désirer ; et Dieu ne lui a point donné le pouvoir d’en manger ; mais un étranger dévorera tout : c’est là une vanité et une grande misère.
3Quand un homme aurait eu cent enfants, qu’il aurait vécu beaucoup d’années, et qu’il serait fort avancé en âge, si son âme n’use point des biens qu’il possède, et qu’il soit même privé de la sépulture ; je ne crains pas d’avancer de cet homme, qu’un avorton vaut mieux que lui :
4car c’est en vain que cet avorton est venu au monde ; il s’en retournera dans les ténèbres, et son nom sera enseveli dans l’oubli ;
5il n’a point vu le soleil, et n’a point connu la différence du bien et du mal.
6Quand il aurait vécu deux mille ans, s’il n’a point joui de ses biens : tous ne vont-ils pas au même lieu ?
7Tout le travail de l’homme est pour sa bouche ; mais son âme n’en sera pas remplie.
8Qu’a le sage de plus que l’insensé ? qu’a le pauvre au-dessus de lui, sinon qu’il va au lieu où est la vie ?
9Il vaut mieux voir ce que l’on désire, que de souhaiter ce que l’on ignore ; mais cela même est une vanité et une présomption d’esprit.
10Celui qui doit être, est déjà connu par son nom ; on sait qu’il est homme, et qu’il ne peut pas disputer en jugement contre un plus puissant que lui.
11On discourt beaucoup, on se répand en beaucoup de paroles dans la dispute ; et ce n’est que vanité.