La sainte Bible

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Traduction par Louis-Issac Lemaistre de Saci, édition de 1855, libre de droits.

n°44 / Actes des Apotres. 27 :

1APRÈS qu’il eut été résolu que Paul irait par mer en Italie, et qu’on le mettrait avec d’autres prisonniers entre les mains d’un nomme Jules, centenier dans une cohorte de la légion appelée Auguste,
2nous montâmes sur un vaisseau d’Adrumète, et nous levâmes l’ancre pour aller côtoyer les terres d’Asie ; ayant avec nous Aristarque, Macédonien, de Thessalonique.
3Le jour suivant nous arrivâmes à Sidon ; et Jules traitant Paul avec humanité, lui permit d’aller voir ses amis, et de pourvoir lui-même à ses besoins.
4Étant partis de là, nous prîmes notre route au-dessous de Cypre, parce que les vents étaient contraires.
5Et après avoir traversé la mer de Cilicie et de Pamphylie, nous arrivâmes à Lystre de Lycie ;
6où le centenier ayant trouvé un vaisseau d’Alexandrie, qui faisait voile en Italie, il nous y fit embarquer.
7Nous allâmes fort lentement pendant plusieurs jours, et nous arrivâmes avec grande difficulté vis-à-vis de Gnide ; et parce que le vent nous empêchait d’avancer, nous côtoyâmes l’île de Crète, vers Salmone.
8Et allant avec peine le long de la côte, nous abordâmes a un lieu nommé Bons-Ports, près duquel était la ville de Thalasse.
9Mais parce que beaucoup de temps s’était écoulé, et que la navigation devenait périlleuse, le temps du jeûne étant déjà passé, Paul donna cet avis à ceux qui nous conduisaient :
10Mes amis, leur dit-il, je vois que la navigation va devenir très-fâcheuse et pleine de péril, non-seulement pour le vaisseau et sa charge, mais aussi pour nos personnes et nos vies.
11Mais le centenier ajoutait plus de foi aux avis du pilote et du maître du vaisseau, qu’à ce que disait Paul.
12Et comme le port n’était pas propre pour hiverner, la plupart furent d’avis de se remettre en mer, pour tâcher de gagner Phénice, qui est un port de Crète, qui regarde les vents du couchant d’hiver et d’été, afin d’y passer l’hiver.
13Le vent du midi commençant à souffler doucement, ils pensèrent qu’ils viendraient à bout de leur dessein ; et ayant levé l’ancre d’Asson, ils côtoyèrent de près l’île de Crète.
14Mais il se leva peu après un vent impétueux d’entre le levant et le nord, qui donnait contre l’île ;
15et comme il emportait le vaisseau, sans que nous pussions y résister, on le laissa aller au gré du vent.
16Nous fûmes poussés au-dessous d’une petite île, appelée Caude, où nous pûmes à peine être maîtres de l’esquif.
17Mais l’ayant enfin tiré à nous, les matelots employèrent toutes sortes de moyens, et lièrent le vaisseau par-dessous, craignant d’être jetés sur des bancs de sable ; ils abaissèrent le mât, et s’abandonnèrent ainsi à la mer.
18Et comme nous étions rudement battus de la tempête, le jour suivant ils jetèrent les marchandises dans la mer.
19Trois jours après, ils y jetèrent aussi de leurs propres mains les agrès du vaisseau.
20Le soleil ni les étoiles ne parurent point durant plusieurs jours ; et la tempête était toujours si violente, que nous perdîmes toute espérance de nous sauver.
21Mais parce qu’il y avait longtemps que personne n’avait mangé, Paul se leva au milieu d’eux, et leur dit : Sans doute, mes amis, vous eussiez mieux fait de me croire, et de ne point partir de Crète, pour nous épargner tant de peine et une si grande perte.
22Je vous exhorte néanmoins à avoir bon courage ; parce que personne ne périra, et il n’y aura que le vaisseau de perdu.
23Car cette nuit même, un ange du Dieu à qui je suis, et que je sers, m’a apparu,
24et m’a dit : Paul, ne craignez point : il faut que vous comparaissiez devant César ; et je vous annonce que Dieu vous a donné tous ceux qui naviguent avec vous.
25C’est pourquoi, mes amis, ayez bon courage : car j’ai cette confiance en Dieu, que ce qui m’a été dit arrivera.
26Mais nous devons être jetés contre une certaine île.
27La quatorzième nuit, comme nous naviguions sur la mer Adriatique, les matelots crurent vers le minuit qu’ils approchaient de quelque terre.
28Et ayant jete la sonde, ils trouvèrent vingt brasses ; et un peu plus loin, ils n’en trouvèrent que quinze.
29Alors craignant que nous n’allassions donner contre quelque écueil, ils jetèrent quatre ancres de la poupe, et ils attendaient avec impatience que le jour vînt.
30Or, comme les matelots cherchaient à s’enfuir du vaisseau, et qu’ils descendaient l’esquif en mer, sous prétexte d’aller jeter des ancres du côté de la proue,
31Paul dit au centenier et aux soldats : Si ces gens-ci ne demeurent dans le vaisseau, vous ne pouvez vous sauver.
32Alors les soldats coupèrent les câbles de l’esquif, et le laissèrent tomber.
33Sur le point du jour, Paul les exhorta tous à prendre de la nourriture, en leur disant : Il y a aujourd’hui quatorze jours que vous êtes à jeun, et que vous n’avez rien pris, en attendant la fin de la tempête.
34C’est pourquoi je vous exhorte à prendre de la nourriture pour pouvoir vous sauver : car il ne tombera pas un seul cheveu de la tête d’aucun de vous.
35Après avoir dit cela, il prit du pain, et ayant rendu grâces à Dieu devant tous, il le rompit, et commença à manger.
36Tous les autres prirent courage à son exemple, et se mirent aussi à manger.
37Or nous étions dans le vaisseau deux cent soixante et seize personnes en tout.
38Quand ils furent rassasiés, ils soulagèrent le vaisseau en jetant le blé dans la mer.
39Le jour étant venu, ils ne reconnurent point quelle terre c’était ; mais ils aperçurent un golfe où il y avait un rivage, et ils résolurent d’y faire échouer le vaisseau, s’ils pouvaient.
40Ils retirèrent les ancres, et lâchèrent en même temps les attaches des gouvernails ; et s’abandonnant à la mer, après avoir mis la voile de l’artimon au vent, ils tiraient vers le rivage.
41Mais ayant rencontré une langue de terre qui avait la mer des deux côtés, ils y firent échouer le vaisseau ; et la proue s’y étant enfoncée, demeurait immobile ; mais la poupe se rompait par la violence des vagues.
42Les soldats étaient d’avis de tuer les prisonniers ; de peur que quelqu’un d’eux s’étant sauvé à la nage, ne s’enfuît.
43Mais le centenier les en empêcha, parce qu’il voulait conserver Paul ; et il commanda que ceux qui pouvaient nager, se jetassent les premiers hors du vaisseau, et se sauvassent à terre.
44Les autres se mirent sur des planches, ou sur des pièces du vaisseau. Et ainsi ils gagnèrent tous la terre, et se sauvèrent.