Le Nouveau Testament

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Traduction par Edmond Stapfer, édition de 1889, libre de droits.

n°40 / L’Évangile selon saint Matthieu 27 :

1Le jour s’étant levé, tous les chefs des prêtres et les Anciens du peuple tinrent conseil sur les moyens de mettre Jésus à mort.
2Et l’ayant chargé de liens, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate, le procurateur.

3En voyant qu’il était condamné, celui qui l’avait livré, Judas, poussé par le remords, rapporta aux chefs des prêtres et aux Anciens les trente sicles d’argent,
4disant : « J’ai péché en livrant un sang innocent. » Ils répondirent : « Que nous importe ? c’est ton affaire. »
5Jetant alors les pièces d’argent dans le sanctuaire, Judas partit et il alla se pendre.
6Mais les chefs des prêtres ramassèrent la somme, disant : « Il n’est pas permis de la verser dans le Korban, puisque c’est le prix du sang. »
7Et après en avoir conféré ensemble, ils en achetèrent le « Champ-du-Potier » pour la sépulture des étrangers.
8De là le nom de « Champ-du-Sang » qu’on lui donne encore aujourd’hui.
9(C’est ainsi que fut accomplie la parole du prophète Jérémie : « Et ils ont reçu les trente pièces d’argent, prix de celui qui avait été évalué, évalué par les enfants d’Israël,
10et ils les ont données pour le champ du potier, ainsi que me l’avait ordonné le Seigneur. »)

11Jésus comparut devant le procurateur, et celui-ci l’interrogea : « C’est toi qui es le Roi des Juifs ? » demanda-t-il. Jésus lui répondit : « Tu le dis. »
12Mais lorsque les chefs des prêtres et les Anciens l’acculèrent, il ne répondit rien.
13Alors Pilate lui dit : « Est-ce que tu n’entends pas tout ce dont ils t’accusent ? »
14Jésus ne lui répondit sur aucun point, ce dont le procurateur fut extrêmement surpris.
15Or à chaque fête il avait coutume de remettre en liberté un prisonnier, celui que le peuple choisissait.
16Il y en avait un fameux détenu à ce moment, du nom de Bar-Abbas.
17Alors Pilate, qui savait que c’était par une haine jalouse que les chefs des prêtres et les Anciens lui avaient livré Jésus,
18leur dit, pendant qu’ils étaient rassemblés : « Lequel voulez-vous que je vous délivre ? Bar-Abbas ou Jésus, celui qu’on appelle Christ ? »
19(Tandis qu’il siégeait ainsi à son tribunal, sa femme lui envoya dire ceci : « Qu’il n’y ait rien entre toi et ce juste ; car j’ai eu aujourd’hui, dans mon sommeil, un affreux cauchemar à son sujet. »)
20Les chefs des prêtres et les Anciens persuadèrent à la foule de demander Bar-Abbas et de perdre Jésus.
21Le procurateur reprit sa question : « Lequel des deux voulez-vous que je vous délivre ? » — Bar-Abbas ! répondirent-ils.
22Pilate leur dit : « Et Jésus, celui qu’on appelle Christ, qu’en ferai-je donc ? » Ils répondirent tous : « Qu’il soit crucifié ! »
23— « Mais qu’a-t-il fait de mal ? » dit encore Pilate. Et ils n’en criaient que plus fort : « Qu’il soit crucifié ! »
24Voyant qu’il n’obtenait rien et que, au contraire, le tumulte augmentait, Pilate demanda de l’eau, se lava les mains devant la foule et dit : « Je ne suis pas responsable du sang de cet homme, à vous d’en répondre ! »
25Et tout le peuple répliqua par ces mots : « Le sang de cet homme ! qu’il retombe sur nous et sur nos enfants ! »
26Pilate leur délivra alors Bar-Abbas. Quant à Jésus, l’ayant fait flageller, il l’abandonna au supplice de la croix.

27Les soldats du procurateur, emmenant Jésus dans le prétoire, assemblèrent autour de lui toute la cohorte.
28Ils lui ôtèrent ses vêtements, l’affublèrent d’un manteau militaire de couleur rouge.
29Puis, tressant une couronne avec des épines, ils la lui mirent sur la tête, ainsi qu’un roseau dans la main droite ; après quoi, se mettant à genoux devant lui, ils le bafouaient en disant : « Salut, le roi des Juifs ! »
30Ils crachaient sur lui ; ils lui prenaient le roseau et lui en donnaient des coups sur la tête.
31Quand ils eurent fini de se moquer de lui, ils lui ôtèrent le manteau, lui remirent ses vêtements et l’emmenèrent pour le crucifier.

32En s’en allant, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, nommé Simon ; et ils l’obligèrent à porter la croix de Jésus.
33Ils arrivèrent à un endroit nommé Golgotha, c’est-à-dire place du Crâne.
34Ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel, et l’ayant goûté, il refusa de le boire.
35Après l’avoir mis en croix, les soldats se partagèrent ses vêtements, en les tirant au sort.
36Ils s’étaient assis et le gardaient.
37Au-dessus de sa tête ils avaient placé une inscription indiquant son crime : CELUI-CI EST JÉSUS, LE ROI DES JUIFS.
38On crucifia avec lui deux brigands, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.
39Les passants l’injuriaient ; ils lui disaient, en gesticulant de la tête :
40« Toi qui détruis le Temple, et en trois jours le rebâtis, sauve-toi donc toi-même si tu es fils de Dieu ! » — et : — « Descends de la croix ! »
41Les chefs des prêtres, avec les Scribes et les Anciens, se moquaient aussi de lui et disaient :
42« Il en a sauvé d’autres et il ne peut pas se sauver lui-même ! » — « Ah ! il est roi d’Israël ! que maintenant il descende de la croix et nous croirons en lui ! »
43- « Il a mis sa confiance en Dieu ! que Dieu maintenant le délivre ! « . . . . . . . . . . . . s’il veut de lui ! » — « En effet, il a dit : Je suis fils de Dieu. »
44De même, les brigands que l’on avait crucifiés avec lui l’insultaient.
45Depuis la sixième jusqu’à la neuvième heure, des ténèbres se firent sur tout le pays.
46Vers la neuvième heure Jésus jeta un cri et dit d’une voix forte : « Helei ! Helei ! Lema sabachthanei ? » C’est-à-dire : « Mon Dieu ! Mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ?
47Quelques-uns de ceux qui étaient là l’entendant : « Il appelle Élie, celui-là ! » dirent-ils.
48L’un d’entre eux courut aussitôt prendre une éponge, la trempa dans du vinaigre, et l’attachant à un roseau, il lui donna à boire. Mais les autres disaient :
49« Laisse donc ! voyons si Élie viendra le délivrer. »
50Jésus, jetant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit.
51Et voilà que le rideau du Temples se déchira en deux depuis le haut jusqu’en bas ; la terre trembla ; les rochers se fendirent ;
52les tombeaux s’ouvrirent ; plusieurs des saints qui étaient morts ressuscitèrent en leurs corps ;
53et sortant de leurs tombeaux après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte et apparurent à plusieurs.
54Voyant le tremblement de terre et tout ce qui se passait, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, furent frappés d’épouvante et dirent : « Cet homme-là était véritablement fils de Dieu. »
55Or il y avait là plusieurs femmes qui regardaient de loin c’étaient celles qui, depuis la Galilée, avaient suivi Jésus afin de le servir.
56Parmi elles, Marie-Magdeleine, Marie, mère de Jacques et de Joseph, ainsi que la mère des fils de Zébédée.

57Sur le soir arriva un homme riche, originaire d’Arimathée, nommé Joseph. Il était, lui aussi, un disciple de Jésus.
58Il alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus. Pilate ordonna de le lui remettre.
59Et Joseph, prenant le corps, l’ensevelit dans un linceul blanc
60et le déposa dans un sépulcre neuf, qu’il avait taillé dans le roc, et qui lui appartenait. Il roula une pierre énorme contre la porte du tombeau et s’en alla.
61Or Marie-Magdeleine et l’autre Marie étaient là, assises en face du sépulcre.

62Le lendemain (qui était le jour après la « Préparation ») les chefs des prêtres et les Pharisiens se rendirent ensemble chez Pilate
63et lui dirent : « Seigneur, nous nous sommes souvenus que, de son vivant, cet imposteur disait : « Après trois jours, je ressusciterai. »
64Ordonne donc que la tombe soit soigneusement surveillée jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent voler le corps et ne disent ensuite au peuple : Il est ressuscité des morts. Imposture dernière qui serait pire que la première. »
65Pilate leur répondit : « Vous avez des gardes ; allez, surveillez comme vous l’entendez. »
66Alors ils allèrent s’assurer du sépulcre, en scellant la pierre en présence de la garde.