Le Nouveau Testament

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Traduction par Edmond Stapfer, édition de 1889, libre de droits.

n°44 / Les Actes des Apotres 27 :

1Lorsqu’il fut décidé que nous partirions pour l’Italie, on remit Paul et quelques autres prisonniers à un centurion de la cohorte Augusta, nommé Julius.
2Montés à bord d’un navire d’Adramyttium qui devait faire escale dans les ports de la province d’Asie, nous prîmes la mer ; un Macédonien de Thessalonique, Aristarque, était avec nous.
3Le second jour nous arrivions à Sidon, et Julius, qui traitait Paul avec beaucoup de douceur, lui permit d’aller visiter ses amis et de recevoir leurs soins.
4Partis de là, nous suivîmes les côtes de l’île de Chypre, parce que les vents étaient contraires,
5et, après avoir traversé la mer qui baigne la Cilicie et la Pamphylie, nous abordâmes à Myrra en Lycie.
6Là le centurion, ayant trouvé un navire alexandrin qui faisait voile pour l’Italie, nous fit monter à son bord.
7Après plusieurs jours d’une navigation très lente, nous arrivions à grand’peine à la hauteur de Cnide. Le vent ne nous permettant pas d’aborder, nous suivîmes les côtes de l’île de Crète dans la direction du cap Salmoné.
8Après l’avoir doublé, non sans difficulté, nous arrivâmes à un endroit appelé Les Bons-Ports, près de la ville de Lasa.
9Il s’était écoulé un temps considérable, et la navigation devenait dangereuse, l’époque du Grand Jeûne étant déjà passée.
10Paul alors donna son avis. « Je prévois, dit-il, de sérieuses avaries et de grands dangers, non seulement pour la cargaison et pour le bateau, mais pour nos personnes mêmes, si nous continuons notre voyage. »
11Mais le centurion avait plus de confiance en ce que disaient le capitaine et le pilote qu’en ce que disait Paul.
12D’ailleurs le port n’était pas bon pour hiverner, et l’avis général fut d’en repartir et de tâcher de gagner, pour y passer l’hiver, Phénix, port de Crète, exposé au sud-ouest et au nord-ouest.
13Comme il soufflait une brise du sud, on crut le moment favorable, on leva l’ancre et on se mit à longer de près les côtes de Crète.
14Mais, tout à coup, un des ouragans, appelés Euraquilon, vint s’abattre sur l’île.
15Le navire entraîné fut hors d’état de tenir tête au vent ; on céda ; on fut emporté.
16Comme nous passions sous une petite île appelée Clandé, nous parvînmes, mais non sans peine, à manœuvrer la chaloupe.
17On s’en servit pour prendre quelques précautions et entourer le navire de câbles. Puis, comme on craignait d’être jeté sur les Syrtes, on plia les vergues et on s’abandonna au vent.
18Le second jour, la tempête était toujours aussi forte, et on, jeta à la mer tout le chargement ;
19le troisième, nous nous débarrassions nous-mêmes du mobilier du navire.
20On ne vit pas le soleil, on n’aperçut pas une seule étoile pendant plusieurs jours, et la tempête restant toujours aussi affreuse, tout espoir de salut nous fut dès lors interdit.
21Comme depuis longtemps personne n’avait pris de nourriture, Paul parut au milieu de tous et dit : « Il aurait fallu écouter mon conseil et ne pas partir de l’île de Crète ; vous auriez évité ce désastre et cette perte.
22Mais maintenant je vous invite à prendre courage ; aucun de vous ne périra ; le navire seul sera perdu.
23Car cette nuit m’est apparu un ange du Dieu auquel j’appartiens et que j’adore,
24et il m’a dit : « Ne crains rien, Paul ! tu dois comparaître devant l’Empereur, et Dieu t’accorde la vie de tous ceux qui naviguent avec toi. »
25Ayez donc bon courage ; car j’ai cette foi en Dieu, qu’il en sera comme il m’a été dit.
26Il faut que nous soyons jetés sur une île. »
27La quatorzième nuit que nous étions ainsi ballottés sur l’Adriatique, vers le milieu de cette nuit, les matelots crurent au voisinage de la terre.
28Ils jetèrent la sonde, et trouvèrent vingt brasses ; un peu après ils la jetèrent encore, et trouvèrent quinze brasses :
29ils craignirent d’aller donner sur des récifs ; quatre ancres furent alors jetées de la poupe et chacun attendit le jour avec anxiété.
30Comme les matelots cherchaient à s’échapper du navire et mettaient la chaloupe à la mer sous prétexte de jeter les ancres de l’avant,
31Paul dit au centurion et aux soldats : « Si ces hommes ne restent pas à bord vous ne pouvez être sauvés. »
32Les soldats coupèrent alors les cordes de la chaloupe et la laissèrent tomber.
33Paul, en attendant le jour, conseilla à tous de prendre de la nourriture. « C’est aujourd’hui le quatorzième jour, dit-il, que vous passez dans l’attente, à jeun, sans rien prendre.
34Je vous conseille donc de manger ; cela est nécessaire à votre salut ; aucun de vous ne perdra un cheveu de sa tête. »
35En disant cela, il prit du pain, le rompit, en rendant grâces à Dieu devant tous, et se mit à manger.
36Tous reprirent alors courage et mangèrent aussi.
37Nous étions en tout deux cent soixante-seize à bord
38Quand on eut fini, on allégea encore le navire en jetant tout le blé à la mer.
39Lorsque le jour parut, personne ne reconnut la terre, mais on entrevoyait une baie avec une plage et on résolut d’essayer d’y mettre le navire à l’abri.
40On coupa donc les câbles des ancres qu’on laissa se perdre dans la mer, on lâcha les amarres des gouvernails, on hissa la voile d’artimon qu’on offrit au vent et on gouverna vers la plage.
41On tomba sur une langue de terre battue des deux côtés par la mer ; là, le navire échoua. La proue, qui s’était enfoncée dans le sable, resta immobile ; la poupe, au contraire, se disloquait à chaque coup de mer.
42Les soldats proposèrent alors de tuer les prisonniers de peur qu’ils ne s’échappassent à la nage.
43Mais le centurion, qui voulait sauver Paul, les empêcha de le faire ; il ordonna à ceux qui savaient nager de se jeter les premiers à l’eau et de gagner la terre ;
44aux autres de se mettre sur des planches, sur des épaves de toutes sortes ; et c’est ainsi que tous réussirent à se sauver à terre.