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Traduction du rabbinat par Zadoc Kahn, édition de 1899-1906, libre de droits.

n°29 / Job 31 :

1J’AVAIS fait un pacte avec mes yeux : comment aurais-je porté mes regards sur une jeune fille ?
2Quel lot eussé-je attendu de Dieu là-haut, quel sort du Tout-Puissant dans les régions suprêmes ?
3Le malheur n’est-il pas réservé au malfaiteur, l’infortune aux artisans d’iniquités ?
4N’observe-t-il pas mes voies ? Ne compte-t-il point mes pas ?
5Est-ce que je me comportais avec fausseté, mes pieds couraient-ils au mal ?
6Qu’il me pèse donc dans de justes balances, et Dieu reconnaîtra mon intégrité.
7Si mes pas ont dévié du bon chemin, si mon cœur s’est laissé entraîner par mes yeux, si quelque taché souille mes mains,
8eh bien ! Qu’un autre mange ce que je sème, que mes rejetons soient déracinés !
9Si mon cœur a été séduit par une femme, si j’ai fait le guet à la porte de mon prochain,
10que ma propre femme tourne la meule pour un autre ! Que des étrangers aient commerce avec elle !
11Car t’eût été une infamie, un crime puni par les juges,
12un feu dévorant jusqu’à la perdition, ruinant jusqu’à la racine toute ma récolte.
13Ai-je fait fi du droit de mon esclave et de ma servante, dans leurs contestations avec moi ?
14Et qu’aurais-je fait si Dieu fût intervenu, qu’aurais-je répondu s’il m’eût demandé des comptes ?
15Celui qui m’a formé dans les entrailles maternelles ne l’a-t-il pas formé aussi ? N’est-ce pas le même auteur qui nous a organisés dans la matrice ?
16Ai-je refusé la demande des pauvres, fait languir les yeux de la veuve ?
17Ai-je mangé, moi seul, mon pain, sans que l’orphelin en eût sa part ?
18Au contraire, dès ma jeunesse, il a grandi avec moi comme avec un père ; dès le sein de ma mère, je fus le guide de la veuve.
19Ai-je jamais vu un déshérité privé de vêtements, un indigent n’ayant pas de quoi se couvrir,
20sans que ses reins eussent occasion de me bénir, sans qu’il fût réchauffé parla toison de mes brebis ?
21Ai-je brandi la main contre l’orphelin, en me voyant des appuis à la Porte ?
22Plutôt mon épaule aurait été arrachée à l’omoplate, et mon bras se fût détaché de l’humérus.
23Car je redoute le châtiment infligé par Dieu, je ne saurais résister à sa grandeur.
24Ai-je mis ma confiance dans l’or, ai-je dit au métal fin : « Tu es mon espoir ? »
25Me suis-je réjoui de posséder de grandes richesses, d’avoir mis la main sur d’immenses trésors ?
26Est-ce qu’en voyant briller le soleil, la lune cheminer avec majesté,
27mon cœur a été secrètement séduit, et ai-je présenté ma main aux baisers de ma bouche ?
28Cela aussi eût été un crime capital, car j’eusse renié le Dieu fort d’en haut.
29Ai-je triomphé de la ruine de mes ennemis, exulté de joie lorsque le malheur l’atteignait ?
30Jamais je n’ai induit mon palais en faute, en demandant sa mort par des imprécations.
31Est-ce que les hôtes de ma maison n’ont pas dit : « Ah ! Est-il quelqu’un qui ne soit nourri à satiété de ses aliments ? »
32Jamais l’étranger n’a passe la nuit dans la rue, j’ouvrais ma porte au voyageur.
33Ai-je dissimulé mes fautes comme les gens vulgaires, renfermé mes méfaits dans le secret de ma conscience ?
34Ai-je eu peur de la grande foule, redouté le mépris des familles au point de rester coi, sans franchir le seuil de ma porte ?
35Ah ! Que n’ai-je quelqu’un qui m’écoute ! Voici ma signature : que le Tout-Puissant me réponde ! Que mon adversaire rédige son mémoire !
36Je le porterais sur mon épaule, je m’en parerais comme d’une couronne.
37Je lui détaillerais le nombre de mes pas, je l’aborderais comme un prince.
38Est-ce que mes terres crient vengeance contre moi, et leurs sillons se répandent-ils ensemble en larmes ?
39Est-ce que j’en ai dévoré le produit, sans le payer de mon argent ? Ai-je arraché des plaintes aux légitimes propriétaires ?
40Si oui, que les ronces y poussent au lieu de froment, et au lieu d’orge l’ivraie ! Ici se terminent les paroles de Job.