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Traduction du rabbinat par Zadoc Kahn, édition de 1899-1906, libre de droits.

n°10 / Premier Livre des Rois 20 :

1BEN-HADAD, roi de Syrie, rassembla toute son armée, et, assisté de trente-deux rois, avec chars et cavalerie, il alla assiéger Samarie et diriger ses attaques contre elle.
2Il envoya des messagers à Achab, roi d’Israël, dans la ville,
3pour lui dire : « Ainsi a parlé Ben-Hadad : A moi ton argent et ton or, à moi aussi tes femmes et tes fils, les meilleurs ! »
4Le roi d’Israël répondit : « Comme tu l’as dit, seigneur roi, je suis à toi, moi et tout ce qui m’appartient. »
5Les messagers revinrent et dirent : « Ainsi a parlé Ben-Hadad : Si je t’ai fait dire que tu dois me livrer ton argent et ton or, tes femmes et tes fils,
6c’est qu’en effet, demain à pareille heure, j’enverrai mes serviteurs chez toi, qui fouilleront ta maison et les maisons de tes sujets, feront main basse sur tout ce que tu as de précieux et l’emporteront. »
7Le roi d’Israël manda tous les anciens du pays et leur dit : « Sachez et considérez que cet homme a de mauvais desseins, car il m’a fait réclamer mes femmes et mes fils, mon argent et mon or, et je ne les lui ai pas refusés. »
8Tous les anciens et tout le peuple lui dirent : « Ne l’écoute pas, et ne consens point. »
9Il répondit alors aux envoyés de Ben-Hadad : « Déclarez à mon seigneur le roi : Tout ce que tu as fait dire en premier lieu à ton serviteur, je le ferai ; mais cela je ne puis le faire. » Les envoyés partirent et lui rapportèrent la réponse.
10Ben-Hadad lui fit dire : « Qu’ainsi me traitent les dieux et pis encore, si la poussière de Samarie suffit pour remplir les mains du peuple qui me suit ! »
11Le roi d’Israël fit transmettre cette réponse : « Celui qui ceint l’épée ne doit pas se vanter comme celui qui la dépose.
12En entendant cette réponse, Ben-Hadad, qui était en train de boire avec les rois sous les tentes, dit à ses serviteurs : « Préparez le siège. » Et ils firent les apprêts contre la ville.
13Or, un prophète, s’avançant vers Achab, roi d’Israël, lui dit : « Ainsi parle l’Éternel : Tu vois toute cette grande multitude ? Eh bien ! Je te la livrerai en ce jour, et tu reconnaîtras que je suis l’Éternel.
14Avec l’aide de qui ? » demanda Achab. « Ainsi dit le Seigneur, répondit le prophète : Avec l’aide des jeunes gens des gouverneurs de provinces. Qui, reprit-il, engagera la lutte ? Toi-même, » fut la réponse.
15Alors il passa en revue les jeunes gens des gouverneurs de provinces, qui se trouvèrent au nombre de deux cent trente-deux, ensuite tout le peuple, tous les enfants d’Israël, au nombre de sept mille.
16Ils firent une sortie à midi, tandis que Ben-Hadad buvait à s’enivrer sous la tente, avec les trente-deux rois, ses auxiliaires.
17Les jeunes gens des gouverneurs de provinces sortirent les premiers. Ben-Hadad s’informa, et on lui fit savoir que des hommes étaient sortis de Samarie.
18« S’ils viennent pour la paix, répondit-il, prenez-les vivants ; s’ils viennent pour combattre, prenez-les aussi vivants. »
19Or, ils étaient, en effet, sortis de la ville, d’abord les jeunes gens des gouverneurs de provinces, puis la troupe qui les suivait.
20Ils frappèrent chacun son homme ; les Syriens s’enfuirent, poursuivis par les Israélites ; Ben-Hadad, roi de Syrie, put s’échapper à cheval, avec quelques cavaliers.
21Le roi d’Israël fit une sortie, battit chevaux et chars, et infligea aux Syriens une grande défaite.
22Le prophète, abordant le roi d’Israël, lui dit : « Va, fortifie-toi, et avise à ce que tu dois faire, car, au retour de l’année, le roi de Syrie viendra t’attaquer. »
23Les serviteurs du roi de Syrie lui dirent : « Leur dieu est un dieu de montagnes, c’est pourquoi ils nous ont vaincus ; mais attaquons-les en plaine, on verra si nous ne sommes pas les plus forts.
24Voici encore ce que tu dois faire : écarte les rois, chacun de son poste, et mets des gouverneurs à leur place.
25Puis tu lèveras une armée égale à celle que tu as perdue, des chevaux et des chars aussi nombreux que les précédents, et nous les combattrons en plaine ; on verra si nous n’avons pas le dessus. » Il écouta leur avis et s’y conforma.
26Au retour de l’année, Ben-Hadad passa en revue les Syriens, puis monta vers Afek pour attaquer Israël.
27Les enfants d’Israël, ayant été passés en revue et approvisionnés, marchèrent à leur rencontre ; ils campèrent vis-à-vis d’eux semblables à deux troupeaux de chèvres, tandis que les Syriens remplissaient la contrée.
28L’homme de Dieu s’approcha et dit au roi d’Israël : « Ainsi a parlé l’Éternel : Puisque les Syriens ont dit : l’Éternel est un dieu de montagnes et n’est pas un dieu de vallées, je livrerai en ta main toute cette grande multitude ; et vous saurez que je suis l’Éternel. »
29Ils restèrent campés les uns vis-à-vis des autres durant sept jours. Le septième jour le combat s’engagea, et les Israélites battirent les Syriens, en leur tuant cent mille fantassins en un seul jour.
30Le reste s’enfuit vers Afek, cherchant un refuge dans la ville ; mais la muraille s’écroula sur les vingt-sept mille hommes qui avaient échappé, tandis que Ben-Hadad, réfugié dans la ville, se retirait de chambre en chambre.
31Ses serviteurs lui dirent : « Ecoute, de grâce : nous avons ouï dire que les rois de la maison d’Israël sont des rois généreux ; eh bien ! Entourons nos reins de cilices et nos têtes de cordes, et allons trouver le roi d’Israël. Peut-être épargnera- t-il ta vie. »
32Et les reins ainsi entourés de cilices et la tête de cordes, ils se présentèrent au roi d’Israël en disant : « Ton serviteur Ben-Hadad te demande de lui laisser la vie. » Il répondit : « ll vit donc encore ? Il est mon frère. »
33Les hommes, augurant bien de cette parole, s’en emparèrent aussitôt et dirent : « Ben- Hadad est ton frère ! Allez, dit le roi, amenez-le. » Ben-Hadad s’avança vers lui, et il le fit monter sur son char.
34Ben-Hadad lui dit : « Les villes que mon père a prises au tien, je les rendrai, et tu pourras te créer des routes à Damas, comme mon père en créa dans Samarie. Et moi, je te laisserai partir sous le bénéfice de ce traité. » Et il lui dicta un traité, puis le laissa partir.
35Or, un des disciples des prophètes dit à son collègue, par l’ordre du Seigneur : « Frappe-moi, je te prie. » L’autre refusa de le frapper.
36Il lui dit : « Puisque tu n’as pas écouté la parole du Seigneur, lorsque tu m’auras quitté, un lion t’attaquera ». L’ayant quitté, il rencontra un lion, qui le tua.
37Ayant rencontré un autre homme, il lui dit : « Frappe-moi, je te prie. » L’homme le frappa, lui faisant mainte blessure.
38Le prophète alla se présenter devant le roi, sur son chemin ; il était déguisé, avec un bandeau sur les yeux.
39Lorsque le roi passa, il l’implora en disant : « Ton serviteur était allé au milieu de la bataille, lorsqu’un homme vint à lui et lui amena un prisonnier en disant : Surveille cet homme ; s’il venait à manquer, ta vie répondrait pour la sienne, ou tu aurais à payer un kikkar d’argent.
40Or, ton serviteur était occupé de côté et d’autre, de sorte que l’homme s’est échappé. » Le roi d’Israël lui dit : « C’est ton arrêt, tu l’as prononcé toi-même. »
41Aussitôt l’autre ôta le bandeau de dessus ses yeux, et le roi reconnut en lui un des prophètes.
42Celui-ci lui dit : « Ainsi parle l’Éternel : Parce que tu as laissé partir celui que j’avais condamné, ta vie répondra pour la sienne, et ton peuple pour le sien. »
43Le roi d’Israël rentra chez lui, à Samarie, sombre et consterné.