n°18 / Job 41 :
1“ Peux-tu tirer Léviathan avec un hameçon, ou avec une corde peux-tu tenir sa langue baissée ?
2Peux-tu lui mettre un jonc dans les narines, ou avec une épine peux-tu lui percer les mâchoires ?
3Te fera-t-il beaucoup de supplications, ou te dira-t-il de douces paroles ?
4Conclura-t-il une alliance avec toi, pour que tu le prennes comme esclave pour des temps indéfinis ?
5Joueras-tu avec lui comme avec un oiseau, ou l’attacheras-tu pour tes fillettes ?
6Des associés en feront-ils trafic ? Le partageront-ils entre des marchands ?
7Rempliras-tu sa peau de dards ou sa tête de harpons à poissons ?
8Mets ta main sur lui. Souviens-toi du combat. Ne recommence pas.
9Vois ! [Toute] attente à propos de lui sera déçue, oui. Rien qu’à sa vue on sera aussi renversé.
10Nul n’est assez hardi pour l’exciter. Et qui peut me tenir tête ?
11Qui m’a donné le premier, pour que je doive le rétribuer ? Sous tous les cieux cela est à moi.
12Je ne garderai pas le silence sur les parties de son [corps] ni sur ce qui concerne [sa] force et la grâce de ses proportions.
13Qui a mis à découvert la face de son vêtement ? Dans sa double mâchoire, qui pénétrera ?
14Les portes de sa face, qui les a ouvertes ? Ses dents tout autour sont effrayantes.
15Les sillons d’écailles [font] son orgueil, fermées comme avec un sceau qui adhère fortement.
16L’une à l’autre elles s’ajustent étroitement, et pas même [un souffle d’]air ne peut pénétrer entre elles.
17Elles sont collées chacune à [sa voisine], elles se saisissent l’une l’autre et sont inséparables.
18Ses éternuements font briller de la lumière, et ses yeux sont comme les rayons de l’aurore.
19De sa bouche partent des éclairs, oui des étincelles de feu s’en échappent.
20De ses narines sort de la fumée, comme [d’]un four qu’on a allumé avec des joncs.
21Son âme embrase des braises, et une flamme sort de sa bouche.
22Dans son cou loge la force, et devant lui bondit le désespoir.
23Oui, les plis de sa chair restent collés l’un à l’autre, ils sont comme coulés sur lui, inébranlables.
24Son cœur est coulé comme de la pierre, oui coulé comme une meule de dessous.
25Parce qu’il se lève, les forts prennent peur ; sous le coup de la consternation ils perdent la tête.
26Quand elle l’atteint, l’épée n’est pas de force [contre lui], pas plus [d’ailleurs] que la lance, le dard ou la pointe de la flèche.
27Il considère le fer comme de la paille, le cuivre comme du bois pourri.
28La flèche ne le met pas en fuite ; les pierres de fronde se changent pour lui en chaume.
29La massue est considérée [par lui] comme du chaume, et il se rit du bruit du javelot.
30Le dessous de son [corps] est comme des tessons pointus ; il étend un instrument de battage sur la boue.
31Il fait bouillonner les profondeurs comme une marmite, il rend la mer semblable à une marmite à onguents.
32Derrière lui il fait briller un sentier ; on prendrait l’abîme d’eau pour des cheveux gris.
33Sur la poussière il n’a pas son pareil, celui qui a été fait pour être sans terreur.
34Tout ce qui est élevé, il le voit. Il est roi sur toutes les majestueuses bêtes sauvages. ”