n°18 / Job 7 :
1L’homme n’a-t-il pas sur la terre un service de soldat, et des jours tels que les jours d’un mercenaire ?
2Comme l’esclave soupire après l’ombre, et comme le mercenaire attend [le prix de] son travail,
3ainsi j’ai pour mon héritage des mois de déception, et des nuits de tourment me sont comptées.
4Si je suis couché, je dis : Quand me lèverai-je et [verrai-je] la fuite du soir ? Et je me rassasie d’agitations jusqu’à l’aube.
5Ma chair se couvre de vers et d’une croûte terreuse, ma peau se resserre et suppure.
6Mes jours sont plus rapides que la navette, et se consument sans espoir.
7Souviens-toi que ma vie est un souffle : mon œil ne reverra plus le bonheur ;
8l’œil qui me voit ne m’apercevra plus ; tes yeux [se porteront] vers moi, et je n’y serai plus.
9La nuée se dissipe et s’en va ; ainsi celui qui descend au séjour des morts n’en remontera pas ;
10il ne retournera plus à sa maison, et son lieu ne le reconnaîtra plus.
11Aussi ne retiendrai-je pas ma bouche : je parlerai dans la détresse de mon esprit, et je dirai ma plainte dans l’amertume de mon âme.
12Suis-je une mer ? suis-je un dragon, pour que tu mettes sur moi une garde ?
13Quand je dis : Mon lit me consolera, ma couche allégera ma plainte,
14tu m’effraies par des songes et tu m’épouvantes par des visions !
15Aussi mon âme choisirait la suffocation, la mort, plutôt que ces os.
16J’en suis dégoûté ; je ne veux pas vivre à perpétuité ! Cesse, laisse-moi, car mes jours sont une vapeur.
17Qu’est-ce que le mortel, que tu le tiennes pour si grand, et que tu fasses attention à lui ;
18que chaque matin tu le visites, qu’à chaque moment tu l’éprouves ?
19Jusques à quand ne détourneras-tu pas tes yeux de moi ? Ne me laisseras-tu pas le temps d’avaler ma salive ?
20Si j’ai péché, que t’ai-je fait, observateur de l’homme ? Pourquoi m’as-tu posé en butte à tes coups, tellement que je sois devenu un fardeau pour moi-même ?
21Et que ne pardonnes-tu mon crime et ne fais-tu passer mon iniquité ? Car maintenant je vais me coucher dans la poussière : tu me chercheras, et je ne serai plus.