n°18 / Job 30 :
1Et maintenant, je suis la risée d’hommes qui me sont inférieurs en âge, dont j’aurais dédaigné de mettre les pères avec les chiens de mon menu bétail !
2Et aussi, à quoi me servirait la force de leurs mains ? En eux la vieillesse s’éteint.
3Desséchés par la disette et la faim, ils rongent une terre aride, hier [déjà] dévastée et désolée ;
4ils arrachent les herbes sauvages près des broussailles, et pour leur pain ils ont la racine des genêts.
5On les chasse du milieu [des hommes], on crie après eux comme après un voleur ;
6ils sont réduits à faire leur demeure dans des ravins affreux, dans les trous de la poussière et parmi les rochers ;
7ils ne font que braire entre les broussailles, il se couchent sous les buissons :
8fils d’insensés, oui, fils de gens sans nom, qui sont honteusement chassés de la terre !
9Et maintenant je suis devenu leur chanson et je leur suis un sujet de discours.
10Ils m’ont en abomination, ils s’éloignent de moi, et ils n’épargnent pas les crachats devant moi.
11Parce qu’il a détendu la corde [de] ma [vie], et qu’il m’a humilié, il se lâchent le frein devant moi ;
12cette engeance se lève à [ma] droite, ils chassent mes pieds [de dessous moi], et ils élèvent contre moi leurs voies de calamité ;
13ils effondrent mon sentier, il aident à ma ruine, eux à qui personne ne porterait secours.
14Ils arrivent comme [par] une large brèche, ils se précipitent avec fracas.
15Les terreurs se tournent contre moi, elles poursuivent ma gloire comme le vent, et mon salut passe comme un nuage !
16Et maintenant mon âme s’épanche sur moi : les jours de l’humiliation me saisissent.
17La nuit perce mes os [et les détache] de dessus moi, et ceux qui me rongent ne dorment pas.
18La douleur dans sa force est devenue mon vêtement, elle me serre comme l’ouverture de ma tunique.
19Il me jette dans la boue, et je suis devenu semblable à la poussière et à la cendre.
20Je crie à toi et tu ne me réponds pas ! Je me tiens là, et tu me contemples !
21Tu t’es changé pour moi en [ennemi] cruel ; tu me poursuis de la puissance de ta main.
22Tu m’enlèves sur le vent, tu me fais emporter comme par une monture, et tu fais fondre pour moi toute ressource.
23Car je le sais, tu me ramènes à la mort, et à la maison où sont assignés tous les vivants.
24Seulement, du sein de la ruine n’étend-on pas la main, et dans le malheur ne crie-t-on pas sur sa [détresse] ?
25N’ai-je pas pleuré sur celui pour qui les temps étaient durs ? mon âme ne s’est-elle pas attristée pour le pauvre ?
26Et quand j’attendais le bonheur, le malheur est arrivé ; et quand j’espérais la lumière, l’obscurité est arrivée !
27Mes entrailles bouillonnent et n’ont aucun repos ; de jours d’humiliation m’ont surpris.
28Je marche en vêtements lugubres, privé de l’ardeur du soleil ; je me lève dans l’assemblée et je crie ;
29je suis devenu le frère des chacals, et le compagnon des autruches.
30Ma peau noircit [et se détache] de dessus moi, et mes os sont embrasés d’une chaleur desséchante.
31Ma harpe est devenue deuil, et mon chalumeau, la voix de ceux qui pleurent !