n°18 / Job 27 :
1Et Job continua à proférer son discours sentencieux, et dit :
2Par le Dieu vivant, qui écarte mon droit, et par le Tout-Puissant, qui met l’amertume dans mon âme ;
3tant que ma respiration sera encore en moi, et le souffle de Dieu dans mes narines,
4certainement mes lèvres ne diront point de perversité, et ma langue ne prononcera pas de tromperie !
5Loin de moi que je vous justifie ! Jusqu’à mon dernier soupir je ne me laisserai pas ôter mon innocence :
6je tiens à ma justice et je ne la lâcherai pas ; mon cœur ne flétrira aucun de mes jours.
7Que mon ennemi soit tel que le méchant, et mon adversaire tel que le pervers !
8Car qu’est-ce que l’espoir de l’impie, quand Dieu tranche, quand Dieu retire sa vie ?
9Dieu entendra-t-il son cri quand la détresse viendra sur lui ?
10Ou pourra-t-il faire du Tout-Puissant ses délices ? Invoquera-t-il Dieu en tout temps ?
11Je vous enseignerai comment agit la main de Dieu ; je ne vous cèlerai pas ce qui est de par le Tout-Puissant.
12Voici, vous-mêmes, vous l’avez tous observé : pourquoi donc vous perdre ainsi en vains discours ?
13Voici la part que Dieu fait à l’homme méchant, et l’héritage que les hommes redoutables reçoivent du Tout-Puissant : si ses fils se multiplient,
14c’est pour l’épée ; et ses rejetons ne seront pas rassasiés de pain.
15Ceux qui restent de lui seront ensevelis par la mort, et ses veuves ne pleureront pas.
16S’il amasse l’argent comme la poussière, et s’il entasse des vêtements comme la boue,
17il les entasse et le juste s’en revêt, et son argent, c’est l’innocent qui le partage.
18La maison qu’il se bâtit est comme celle de la teigne, et comme la feuillée que fait un gardien [de vignes].
19Il se couche riche, et n’est pas enseveli ; on ouvre les yeux, et il n’est plus :
20les terreurs l’atteignent comme des eaux ; il est emporté de nuit par l’ouragan ;
21le vent d’orient l’enlève, et il s’en va, et dans la tempête il l’entraîne loin de son lieu.
22[Dieu] frappe sur lui sans pitié : il s’efforce de fuir loin de sa main.
23On battra des mains sur lui, et de son lieu même on sifflera après lui.